Avec ce numéro, nous reprenons le cours normal de notre parution, après la parenthèse estivale. Pendant tout l’été, j’ai pu rencontrer au cours de mes pérégrinations des lecteurs de L’Homme Nouveau, heureux d’échanger avec eux non seulement sur « notre » magazine (et notre site, nos hors-série, nos livres, nos projets) mais aussi sur la situation de l’Église et de la France. Malgré une actualité en plusieurs points dramatique – pensons seulement au vote en catimini des lois de bioéthique ou au drame du Liban que nous ne pouvons oublier –, j’ai senti chez mes interlocuteurs une foi inébranlable et une espérance surnaturelle qui n’est certainement pas à confondre avec un optimisme de façade. Reste, maintenant, que la rentrée est là et que celle-ci demande de notre part, plus encore qu’avant, une véritable détermination pour continuer à transmettre les vérités de la foi, entretenir l’espérance et aider à la consolidation de tout ce qui permettra, demain, au jour que Dieu voudra et s’Il le veut, de rebâtir une cité digne de ce nom.
Réfléchir les vérités d’en haut
Depuis sa fondation en 1946, L’Homme Nouveau s’est toujours attaché à transmettre la doctrine sociale de l’Église. Pourtant, l’horizon d’une société chrétienne s’éloigne un peu plus chaque jour, en partie par les assauts menés contre l’Église, mais aussi en raison de nos démissions et de nos lâchetés. Fort heureusement, nous ne travaillons pas pour nous, mais pour les générations qui viennent. Puisque nous sommes nous-mêmes des héritiers – et de quel héritage ! – nous avons à le maintenir, si possible à l’enrichir, et à le transmettre afin de lui permettre de continuer à féconder les nombreuses graines de renouveau réellement présentes sur notre terre de France.
Plus que jamais, le bien ne fait pas de bruit. Mais c’est aussi, pour plagier Gustave Thibon, parce que notre regard manque à la lumière. À sa place, et pour les années à venir, L’Homme Nouveau entend donc réfléchir (dans tous les sens du terme) cette lumière, sans édulcorer la réalité, mais sans la réduire non plus à nos angoisses et à nos inquiétudes. Tout ce qui est catholique, vraiment catholique, est nôtre. C’est pourquoi L’Homme Nouveau n’est ni le journal d’une faction ni un organe d’opinion. Notre horizon, notre ligne de démarcation reste la doctrine transmise par les Apôtres et enseignée par l’Église depuis deux millénaires.
Trahe nos, Virgo Immaculata
Le 15 août dernier, le père abbé émérite de Notre-Dame de Fontgombault, dom Antoine Forgeot, rendait son âme à Dieu. Clin d’œil du Ciel, ce fils de saint Benoît si attaché à Notre-Dame, au pied de la statue de laquelle il se rendait chaque soir après complies, se voyait ouvrir les portes de l’Éternité à la date même où nous fêtions l’Assomption. Ce même jour, dans son homélie de la messe, son successeur, dom Jean Pateau, déclarait : « Quel plus vif désir pour notre Maman du Ciel que celui de voir ses enfants marcher à sa suite ! Trahe nos, Virgo Immaculata : entraînez-nous, Vierge Immaculée. Tirez-nous sur le chemin du Ciel, nous qui voulons être avec vous, en vous, serviteurs et servantes du Seigneur. »
La Vierge Marie aura accompagné dom Forgeot tout au long de son abbatiat, de 1977 à 2011, année où il a résigné sa charge pour confier l’avenir de l’abbaye de Fontgombault à des mains plus jeunes. Mais, en 1977, c’était déjà sous le signe de Marie qu’il avait reçu la bénédiction abbatiale, le 8 décembre. Dans une courte allocution prononcée ce jour-là, il avait d’ailleurs déclaré : « En cette fête de l’Immaculée Conception de la Sainte Vierge, ce m’est une joie enfin de réaffirmer à la suite de mes deux grands et saints prédécesseurs que “Notre-Dame demeure et demeurera Abbesse de céans” ». En 1991, année du neuvième centenaire de l’abbaye, il avait fait aussi procéder au couronnement de la statue de Notre-Dame du Bien-Mourir par l’évêque de Czestochowa (Pologne).
Les liens entre L’Homme Nouveau et Fontgombault sont anciens, et parfois personnels. Dans le même souci de fidélité à Rome et à la tradition de l’Église, avec des tonalités différentes dues à des vocations également différentes, nous tenons à assurer dom Pateau, la communauté de Fontgombault mais aussi celles de ses « filles » combien nous gardons le souvenir précieux de dom Forgeot, que nous prions pour lui et que nous le prions, pour que nous gardions au cœur cette double fidélité qui, au fond, n’en fait qu’une. Sous le regard de Notre-Dame, patronne de la France.