Nous reproduisons ci-dessous un extrait de notre éditorial du 17 janvier dernier, aux lendemains de l’attentat contre Charlie Hebdo et l’Hypercasher de Vincennes. Alors que nous lisons – stupéfaits – ce matin que cette fois la France est vraiment en guerre, nous constatons que c’est malheureusement ce que nous annoncions déjà dans nos colonnes le 17 janvier dernier.
Reprendre l’initiative
La guerre fait des victimes; elle est douloureuse, violente et terrible. Mais elle s’impose à nous. Dès lors, il faut la mener, et la mener jusqu’au bout, avec les sacrifices nécessaires, dans le respect de la justice et en vue du bien commun. Notre pensée aujourd’hui va vers les victimes de l’attentat de ce vendredi 13 novembre, vers les familles frappées par le deuil et l’inquiétude. Nous prions pour elles, pour notre pays, pour la paix. Nous prions également pour que le courage, la détermination, le sens de la véritable justice et le souci du bien commun habitent les dirigeants occidentaux et, singulièrement, ceux de notre pays.
Notre paralysie
Mais si nous souhaitons que les véritables leçons soient tirées de cet événement tragique, il est urgent également de prendre conscience de l’incapacité du système moderne, tel qu’il est incarné aujourd’hui en France, à permettre la réalisation du bien commun dont la sécurité intérieure est l’un des éléments constitutifs. Dans L’Humanisme politique de saint Thomas d’Aquin, le père dominicain Louis Lachance écrivait très justement :
« Si le régime est mauvais, il faut le réformer, et s’il est irréformable, il faut voir à le remplacer par un meilleur. Si cela est immédiatement impossible, c’est une raison de plus de s’empresser de créer les conditions qui puissent rendre le changement possible ».
Nous devons retrouver de toute urgence les principes sains qui permettent une vie politique ordonnée au bien commun et nous comptons, à L’Homme Nouveau, y travailler, à notre place. Dans un monde globalisé, aux interactions nombreuses, il nous faut comprendre que non seulement une guerre nous est menée, mais que ce n’est pas nous qui choisissons l’ennemi. Les fautes de l’Occident au Proche-Orient sont nombreuses et sont à l’origine de la situation cahotique et mortelle d’aujourd’hui. Mais désormais c’est l’adversaire qui désigne l’ennemi. Il faut donc une réaction qui prenne acte de ce fait.
Extrait de l’éditorial du 17 janvier 2015
Il aura fallu l’odieuse attaque contre Charlie Hebdo pour que la France prenne conscience que nous étions en guerre. Et que la guerre fait mal ! Qu’elle n’est pas indolore et qu’elle est même sanglante. Mortellement sanglante ! Terrible dérision, c’est le jour de l’ouverture des soldes, moment cultuel de notre société du confort marchand, que des hommes ont tué douze personnes. Le rapprochement paraîtra scandaleux. Et, pourtant ! Aux yeux de beaucoup, l’Occident n’est devenu qu’un vaste supermarché d’où le sacré a été évacué quand il n’a pas été mis en vente entre Miss France et les préservatifs.
Que les assassins aient été Français ne changent rien à la tragédie. Ils ont agi au nom d’Allah afin de venger la figure principale de l’islam. Même s’il a parfois dégagé une sagesse, celui-ci s’est toujours imposé par les armes. Cet attentat démontre ainsi que la laïcité et la dérision sont incapables de lui ré- pondre. À une soif de divin, même déréglée, on ne réagit pas par l’évacuation de Dieu.
À ce titre, le catholicisme français porte une terrible responsabilité. À force de déserter l’évangélisation, de battre notre coulpe sur la poitrine de nos ancêtres, de diluer le message du Christ dans des slogans débiles ou dans des liturgies à l’horizontalité navrante, nous avons laissé s’installer un islam qui, quelle que soit la bonté des individus, est appelé à développer son dynamisme propre. Nous avons laissé défigurer le christianisme en laissant croire que toutes les religions se valent. Mais croyons-nous encore vraiment dans le Credo que nous proclamons chaque dimanche ? Avons-nous prêché le Christ à ceux qui peuplent aujourd’hui nos banlieues ? Seul le christianisme affirme que Dieu est amour. On meurt aujourd’hui de l’oublier.
(…) La tragédie de notre époque appelle un retour à la foi qui doit également s’incarner dans des institutions, garantes d’une vraie justice et du bien commun.