Obsèques de Philippine : la colère ou l’espérance

Publié le 14 Oct 2024
Philippine messe

Une foule émue a entouré la famille de Philippine en la cathédrale Saint-Louis de Versailles, ce 27 septembre.

Devant un crime qui a révolté la France entière, au-delà des appels à la justice et de la colère, la foi de la famille de la victime nous a rappelé, à travers une cérémonie d’une grande dignité, que nous sommes faits pour le seul vrai Bien.

  Prostration, colère, révolte… Voilà les sentiments qui pourraient dominer face à un crime aussi abominable que le viol et l’assassinat de cette délicieuse jeune fille dont la France a découvert le visage et la fraîcheur alors qu’elle était horriblement arrachée aux siens. Peut-il y avoir pire destin que celui de Philippine Le Noir de Carlan, retrouvée un samedi dans le bois de Boulogne, portant les traces d’une agression aussi sordide qu’elle était évitable… si seulement la justice des hommes avait fonctionné ? Et que le suspect, un clandestin sous obligation de quitter le territoire français après cinq ans de prison pour viol, avait été renvoyé vers des contrées moins clémentes pour les criminels… Au lieu de cela, au lieu d’une frénésie de haine et de vengeance, il y eut une messe. Une messe de funérailles célébrée dans le recueillement le plus absolu en la cathédrale de Versailles, le 27 septembre, en présence de près de 3 000 personnes… 

Une messe pleine d’espérance

Est-ce à dire qu’il ne faut pas s’indigner, ni réclamer justice ? Bien sûr que non. L’évangile choisi pour ces obsèques (Jn 5, 24-29) a d’ailleurs rappelé qu’une justice plus haute sera rendue : « Ne soyez pas étonnés : l’heure vient où tous ceux qui sont dans les tombeaux entendront sa voix ; alors, ceux qui ont fait le bien sortiront pour ressusciter et vivre, ceux qui ont fait le mal, pour ressusciter et être jugés.»  À l’épître avaient déjà sonné les paroles de saint Paul : «Nous ne voulons pas vous laisser dans l’ignorance au sujet de ceux qui se sont endormis dans la mort ; il ne faut pas que vous soyez abattus comme les autres, qui n’ont pas d’espérance. Jésus, nous le croyons, est mort et ressuscité ; de même, nous le croyons aussi, ceux qui se sont endormis, Dieu, par Jésus, les emmènera avec lui […] Réconfortez-vous donc les uns les autres avec ce que je viens de dire. »  Philippine de Carlan était – la France entière l’a vu – une catholique convaincue, pratiquante, rayonnante. Et c’est pourquoi – par un paradoxe qui n’en est pas un – de sa messe de funérailles émanait d’abord l’espérance, fondée sur la…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Jeanne Smits

Ce contenu pourrait vous intéresser

Société

L’action politique (4/5) | Les devoirs de justice générale en situation d’illégitimité du pouvoir

DOSSIER « Réflexions sur l’action politique » | La cité colonisée par les intérêts particuliers, le bien commun oublié, le mal-être et les difficultés partout : que faire ? La claire vision de la situation et la morale de l’action imposent d’agir et, dans la lignée d’Aristote et de saint Thomas d’Aquin, deux ouvrages contemporains proposent des moyens immédiats pour chacun de faire sa part dans la restauration de l’ordre.

+

action politique
SociétéÉducation

Les écoles hors contrat en plein essor malgré les contraintes

Portées par des parents, des réseaux confessionnels ou sociaux et désormais des acteurs privés, les écoles hors contrat connaissent une croissance régulière. Professionnalisation, diversification des profils et motivations contrastées des familles dessinent les contours d’un secteur de plus en plus structuré. Entretien avec Augustin Yvan, responsable du développement à la Fondation pour l’école.

+

école hors contrat