« Détruire le bélier de la luxure par la tour de la pureté, écrouler la mine de lâcheté par des explosions de courage, combler la brèche de l’avarice par les rochers de la générosité, et surtout, surtout, abattre les dragons de l’orgueil avec les balistes de l’humilité. » Telle est l’ambition de Louis Lecomte dans son roman Palpitations d’une âme urbaine, paru aux éditions Première Partie en novembre 2022.
La voie de la souffrance
Ce récit d’une déambulation dans une ville jamais nommée, à travers avenues, jardins et catacombes n’est rien d’autre que le combat spirituel d’une âme que l’amour a blessée. C’est par la souffrance que notre héros entre dans ce combat spirituel d’une nuit, une lutte acharnée contre les forces du mal qu’incarnent les turpitudes d’une société dévoyée. Le gouffre est immense pour celui qui souffre, attiré qu’il est par ces deux absolus que sont l’infiniment pur, et l’infiniment sale. « L’absolu me hante mais il a deux chemins. Vers le haut et vers le bas ». La polyphonie de la vie spirituelle et l’appel à la sainteté, contre la pornographie mise à portée de tous et les écrans qui empêchent de rêver.
L’auteur-narrateur ne mâche pas ses mots – âmes sensibles s’abstenir, car le combat pour la pureté est réel – et parvient à nous faire comprendre ce qu’il vit intérieurement : la difficile symbiose entre le corps et l’âme. Sans conteste, c’est le Ciel qui l’emporte : « Mon Dieu, mais pourquoi la sainteté est-elle si loin, alors que je la vois si nettement ? »
Une ode à la vie
Moyennant ce combat, la vie peut devenir une véritable œuvre d’art. C’est l’intuition de l’âme d’artiste de l’auteur. Il s’agit d’être « ivre de vertu ». À grand renfort de références bibliques et artistiques, le héros évoque la beauté sous toutes ses formes : le chant, le rêve, la peinture, l’amour. La danse tient une – trop ? – grande place dans cet hymne à la joie, alors que le narrateur se retrouve soudainement dans une boîte de nuit à danser avec une de ses amies. On s’interrogera sur la possibilité de ressentir la présence de Dieu dans une boîte…
Mais ces femmes qui l’entourent ont un rôle de choix : la beauté qui en émane a l’air de le réconcilier avec la vie. « On ne tombe jamais amoureux que des femmes qui se défendent parce qu’aucun trésor n’est laissé à l’air libre ». La femme qui fut un temps aimée laissera place à celle qui s’établira à jamais dans l’âme-cité de notre poète.
Une âme pour cité
La plume ciselée du narrateur nous conduit à travers les méandres de son âme comme dans ceux d’une cité. « Je désirai en voyant ces quartiers, ces rues, ces palais, ces nefs, agir avec bonté, grandeur d’âme, patience, force, parce que chaque acte est représenté dans cette cité qu’est mon âme, par un élément d’urbanisme. » Au fil de ses pérégrinations nocturnes, le narrateur croise successivement une statue, une église, un escalier, une boîte de nuit, un belvédère, … autant d’éléments pour faire évoluer ses réflexions, grandir son désir et aboutir finalement à « la confession d’un enfant du Ciel » : « Ainsi fis-je de mon âme la cité de Dieu ».
La lecture est envoûtante, on se prend à reconnaître ses propres combats dans les intuitions de l’auteur. Car oui, chaque âme est une cité qu’il faut défendre contre l’empire du monde. Il faut le lire pour le comprendre, car tout le monde n’a pas la plume de Louis Lecomte, mais les lecteurs de choix restent les jeunes hommes en quête de liberté intérieure après avoir souffert comme notre héros.
Louis Lecomte, Palpitations d’une âme urbaine, Editions Première Partie, 130 pages, 15 euros.
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