Partout en France, qu’est-ce qui fait marcher les pères de famille ?

Publié le 26 Juil 2019
Partout en France, qu’est-ce qui fait marcher les pères de famille ? L'Homme Nouveau

Les « aventuriers du monde moderne », comme aimait à les nommer Péguy, sont sur les routes. Le premier week-end de juillet, ils étaient des milliers à marcher partout en France. Nous avons rencontré ces pères qui se mettent à l’école de Saint Joseph et de la Sainte Famille. 

Il existe, actuellement, une soixantaine de pèlerinages des pères de famille qui s’égrènent sur toute l’année et dans tout le pays. C’est un habitué de Cotignac, Tanguy, qui les a recensés. Parmi, les plus importants, par leur nombre, il y a Cotignac, Vézelay, Paris, et le Mont-Saint-Michel. Certains, comme celui de Seine-et-Marne, plus petit, fêtaient leur 10è anniversaire. Franck en est un habitué : « Je me partage entre la Seine-et-Marne et Cotignac. Je me devais d’être à Cotignac, car cette année nous fêtons les 500 ans. C’est difficile d’être père aujourd’hui. Avec la PMA et la GPA, bientôt il n’y aura plus de père. Ici, à Cotignac, je viens me ressourcer auprès de la Sainte Famille et prier pour la France, pour ma famille, pour mes amis. » A Notre-Dame du Haut à Ronchamp, en Haute-Saône, le pèlerinage fête ses 4 ans. Nicolas, le responsable, a pris le même thème que Cotignac cette année : « Qu’on y vienne en procession recevoir les dons que je veux y répandre ». A la fin du pèlerinage, il s’est adressé à la vingtaine de pèlerins : « chacun d’entre-vous êtes comme les oreilles du Seigneur. J’ai envie de dire comme la samaritaine : “Venez voir quelqu’un qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Est-ce que ce n’est pas le Christ ? ” (Jean 4. 29) »

A Cotignac, ce sont plus de 2000 pères de famille qui ont répondu à l’appel de la Vierge-Marie prononcé le 10 août 1519, lors de son apparition : “Je suis la Vierge Marie. Allez dire au Clergé et aux Consuls de Cotignac de me bâtir ici même une église, sous le vocable de Notre-Dame de Grâces et qu’on y vienne en procession pour recevoir les dons que je veux y répandre.”. Ces pères, qui pour la plupart se sont mis en marche dès le jeudi 4 juillet viennent de toute la France. Leur point de ralliement se fait dès le samedi 6 juillet à la fontaine du Bessillon, là où est apparu Saint Joseph, le 7 juin 1660. Loïc est tombé amoureux du lieu : « en arrivant au Monastère du Bessillon, ce que j’aime particulièrement, ce sont les regards de la statue de Saint Joseph et de Jésus. Quand tu regardes bien dans les yeux de cette statue toute blanche, tu y vois la vie jaillir ! ». Dans cet endroit unique au monde, la Sainte Famille est venue visiter son peuple. Et, 500 ans plus tard, c’est plus que la France qui s’y retrouve. 

Après s’être abreuvés à la fontaine et avoir prié devant la statue, les pèlerins se dirigent vers le sanctuaire de Notre-Dame de Grâces, situé à 3 km. André-Georges vient d’arriver avec une cinquantaine de pèlerins, provenant de la région parisienne. Ils passent la Porte Sainte, par le chemin emprunté par Louis XIV, en son temps. Il témoigne, ému : « C’est la première fois que je fais cette marche avec mon épouse, qui a rejoint le ciel, après un cancer. Le meilleur moyen de faire ce pèlerinage cette année, était qu’elle marche avec moi. Je suis le seul à avoir pu marcher avec son épouse. J’en suis heureux. Je suis en communion avec elle. Mon message : il n’y a rien de plus beau que la fraternité entre hommes ! » 

Pour Gino, qui vient de la Marne, c’est une nouveauté. Il est père de famille et séparé de son épouse : « C’était dur physiquement, nous avons marché à partir de Cuers. J’ai envie de reprendre une vie avec Dieu et de retrouver mes valeurs d’autrefois. » Loïc vient d’Afrique du Sud : « J’avais besoin d’un ressourcement spirituel. Et, je suis venu remettre le Seigneur au centre de ma vie professionnelle compliquée. »

Les pères s’arrêtent, les uns après les autres, devant la Porte Sainte du Jubilé (lire l’encadré en pied d’article). Après une pause et quelques louanges, ils passent la Porte. A l’intérieur du sanctuaire, ils s’inclinent, se mettent à genoux et rendent hommage à Notre-Dame. Ils reçoivent la bénédiction d’un frère de la Communauté Saint-Jean. Ils déposent leurs bannières et vont prendre un casse-croute bien mérité. Une nuit d’adoration les attend.

 Bertrand de Kerangat est le responsable du pèlerinage des pères de Cotignac. Il prend la parole le lendemain lors de la Messe dominicale de clôture : « Vous êtes venus d’Angleterre, d’Algérie, de Belgique, de Suisse, d’Italie, et même d’Afrique du Sud…Vous êtes venus déposer vos soucis aux pieds de Saint Joseph et de Notre-Dame de Grâces. » Puis, en s’adressant à Mgr Rey (lire notre encadré), qui préside la Messe de clôture, Bertrand tient à lui parler de l’avenir de l’Eglise : « les pères, qui sont devant vous, sont devenus des rochers sur lesquels vous pouvez bâtir l’Eglise de demain ». 

Au même moment, à Vézelay, ils sont 950 à passer les portes de la célèbre Basilique. Pour Priscille, son mari Sébastien « est  fortifié, il rayonne des grâces déjà reçues. »

A Sainte-Anne d’Auray, 130 pères entrent dans ce sanctuaire unique au monde, qui honore la maman de la Vierge-Marie. Les Lyonnais, de leur côté, sont, aussi, une centaine à avoir pérégriner dans le Beaujolais !

La Porte Sainte de Cotignac

Cotignac 5

Devant la Porte Sainte, avec ses béquilles, se tient Bertrand Chambounaud. C’est le charpentier-menuisier qui a réalisé la Porte. Son histoire sort de l’ordinaire. Il nous la raconte. « Il y a 3 ans, je faisais une retraite en silence avec ma fiancée, Marie-Astrid. Un soir, j’ai eu une vision. J’ai ensuite reçu une parole de l’Ancien Testament, tirée d’Habacuc, chapitre 2 : “Écris la vision et grave-la sur les tablettes”. De son côté, ma fiancée avait reçu la confirmation de ma vision. Un an plus tard, le frère Hubert-Marie, le recteur du sanctuaire de Notre-Dame de Grâces, me demande de réaliser la Porte Sainte, avec un message sur la Sainte Famille pour les 500 ans. Elle représente une partie de ma vision : le précieux sang qui s’étend sur le monde, la croix y est représentée, comme la Sainte Famille. Et l’épitaphe de la porte : Maison de Dieu, Porte du Ciel, Temple de Dieu, est un appel à ce que toutes les familles deviennent des petits Nazareth répandus à travers le monde. » Incroyable histoire d’un artisan qui manie les bois exotiques. Les gouttelettes de sang marquetées sur la Porte sont en acajou. Bertrand et Marie-Astrid ont une foi qui déplace les montagnes. Sur ce chemin de Cotignac, il y a des saints presqu’ordinaires, qui marchent dans les pas de la Sainte Famille. 

Mgr Rey et Saint Joseph

Cotignac

Mgr Rey connaît bien Saint Joseph. Il a écrit en 2018 un livre : « Un homme nommé Joseph ». Pour lui, « Joseph marque l’histoire du salut des hommes, parce qu’amoureux de Marie, il a compris que Marie avait une autre destinée que la sienne. Mais l’Ange lui a permis de comprendre que son amour pour Marie ne faisait pas obstacle au dessein de Dieu. » Mgr Rey raconte l’histoire de Saint Joseph, comme si elle était liée à la sienne, ce qui est le cas. « Mon père s’appelait Joseph, et avait une grande dévotion envers le Patron des Travailleurs. Quand je suis devenu évêque ici, en 2000, j’ai marché aussi vers Cotignac, qui fait partie de mon diocèse. Nous y vivons le mystère de la Sainte Famille. C’est le mystère de l’Incarnation qui nous est rappelé. Aujourd’hui, nous avons à nous ressaisir de ce qu’est le mystère de notre humanité. » Le 7 juillet, lors de son homélie, il conclut par cette intention : « L’histoire de Cotignac est liée à l’histoire de France…Nous découvrons ici que nous marchons pour la France…Au terme de ce pèlerinage, prions pour notre pays, pour qu’il reste fidèle à la grâce de son baptême, pour qu’il retrouve un nouveau souffle missionnaire, non seulement pour lui-même, mais aussi au cœur de l’Europe et en direction de toute l’humanité, qu’il devienne ou redevienne témoin, prophète de l’Evangile. »

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