La pause liturgique : Agnus 3, Deus sempiterne (Solennités)

Publié le 16 Déc 2023
communion alleluia sanctus agnus introït
Voici un Agnus Dei qui date des XIème-XIIème siècles, et qui est très peu représenté par les manuscrits : en tout et pour tout trois sources allemandes.

Il est emprunté au 4ème mode et sa mélodie, assez ornée et développée et expressive, le rend tout à fait apte à s’insérer dans des messes solennelles. Mais comme tous les Agnus Dei grégoriens, il se caractérise surtout par un grand calme, une grande confiance, une immense douceur.

 

Commentaire musical

Agnus 3 Partition agnus

Les trois invocations ont la même mélodie, à un détail près : le second Agnus, sur son accent, ne possède pas le climacus Fa-Mi-Ré des première et troisième invocations, mais juste un punctum situé sur le Do grave. Pour le reste, tout est identique.

La mélodie de Agnus Dei s’enroule d’emblée autour du Mi, tonique du 4ème mode. Deux Fa, deux Ré encadrent les cinq Mi qui forment avec eux l’intonation très douce, très large et très liée de cet Agnus. C’est sur l’accent de tollis que s’opère le premier mouvement de la pièce : une montée mélodique large et en crescendo, du Ré au Sol, suivie d’un descente qui omet le Mi pour mieux le retrouver sur la cadence finale de tollis.

Un second mouvement, beaucoup plus expressif, s’opère alors sur le mot peccáta, mis en grande lumière avec sa montée qui part du Sol, entendu juste une fois au sommet de la courbe de tollis, et jaillit du La vers le Do et même jusqu’au Ré aigu, entendu deux fois. Cette courbe très belle, très expressive doit être marquée évidemment par un crescendo significatif.

La redescente sur la finale de peccáta se fait par degrés conjoints du Ré jusqu’au La, puis le mot mundi connaît à son tour une belle courbe, du Sol jusqu’au Do, et une retombée vers le Sol.

On a donc, et c’est très beau, trois courbes expressives qui enveloppent les trois mots tollis, peccáta et mundi.

Pour finir, la mélodie part du Sol où nous l’avons laissée sur la finale de mundi, et de là redescend sobrement vers la cadence en Mi, après qu’on a entendu à plusieurs reprises le Fa, sur miserére.

Au total, un Agnus Dei orné, très chaud, très plein, très serein dans son expression qui ne manque pas de force et de supplication.

 

Pour écouter : 

 

Retrouvez les trois autres commentaires consacrés à la messe Deus Sempiterne:

 

>> à lire également : Les cinq sens : le sens de l’éternité (5/5)

Un moine de Triors

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneÉgliseThéologie

Benoît XVI et le sens du sacré

Pour la deuxième année, un colloque a été organisé autour de la théologie de Benoît XVI à Altötting, sanctuaire marial bavarois cher à l’ancien pape. Du 2 au 6 juillet dernier, théologiens, clercs et laïcs ont réflechi autour du thème « Le sens du sacré ».

+

benoit xvi
CultureLecturesLiturgie

Au service du chant grégorien

Culture | Fondateur du Chœur grégorien de Paris, Louis-Marie Vigne voulut servir l'Église par le chant liturgique. Un petit livre d'entretiens récemment paru, s'il évoque l'aventure de son œuvre, explique également et présente toute la portée du chant grégorien.

+

grégorien louis-marie vigne
ÉgliseLiturgie

Humilité et charité : deux piliers de la vie chrétienne 

L’Esprit de la liturgie | L’Église nous invite à méditer sur deux vertus essentielles : la charité, illustrée par la parabole du Bon Samaritain, et l’humilité, que le Christ nous enseigne par l’image du dernier invité. Ces vertus apparaissent comme les fondements d’une vie chrétienne tournée vers Dieu et le prochain.

+

samaritain humilité charité