La pause liturgique : Agnus 8, De angelis (Messe des Anges)

Publié le 30 Nov 2024
grégorien croix introït offertoire agnus

Messe des Anges : 

 

Commentaire musical

 

Agnus 8 Partition agnus

 

On ne possède qu’une seule source de cet Agnus Dei, dans un Graduel de Rouen daté du XIVe siècle, ce qui laisse entrevoir une origine française pour cette belle composition. Il s’agit d’un 6e mode mais qui n’utilise que des Sib : encore ne sont-ils que trois, sur l’invocation proprement dite de chaque Agnus, miserére nobis ou dona nobis pacem.

La ressemblance musicale avec le Sanctus est assez frappante, surtout si l’on considère l’intonation qui utilise les mêmes cordes que celles du Sanctus, le Fa, le Sol et le La, soit la tierce caractéristique du tritus. La ressemblance se poursuit avec la descente vers le Do grave de qui tollis peccáta qui a son pendant sur le second Sanctus. La remontée de peccáta mundi fait rejoindre le motif mélodique de Dei sur la cadence, dotée d’un torculus épisématique et d’une note pointée. Jusque là, la mélodie est restée extrêmement sobre.

Elle s’élève un peu sur miserére pour s’accrocher sur la corde La et atteindre le Sib avec sa nuance de tendre supplication qui va si bien au texte. La formule méditative de cette finale de miserére, qu’il convient d’épanouir doucement, conduit à la cadence de nobis, identique à celle de Dei et de mundi. Tout est très simple, très modeste, jusque là.

La seconde invocation semble tout d’abord indiquer un changement d’atmosphère : l’intervalle Fa-La-Do, typique du 5e mode, tritus authente, la descente en intensité de Dei, Do-La-Sol, la remontée sur le Do où la mélodie s’accroche sur Dei, tout cela fait attendre un envol… qui ne viendra pas. Au contraire, à partir du Do sur le pronom qui, la mélodie amorce un retour vers le grave, concrètement vers les cordes La-Sol-Fa de la tierce du tritus.

Et la finale de peccáta reproduit celle de Agnus Dei, avec la même cadence munie d’un torculus et d’une note pointée. On est bien vite revenu au calme souverain de ce triple Agnus. La preuve en est que le second miserére nobis est en tout point identique au premier. Et que la troisième invocation reproduit parfaitement la première, sans aucun souci d’originalité.

On est donc en présence d’un Agnus très sobre, mais profond, humble et expressif, simple à chanter, et voilà sans doute la raison pour laquelle il demeure connu du Peuple de Dieu. Sa mélodie simple est populaire et facile à mémoriser.

 

>> à lire également : Le retour de la Dame de Pierre : un voyage à travers 1000 ans d’histoire

 

Un moine de Triors

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneÉgliseSpiritualité

Europe : les pèlerinages en 2024

Les pèlerinages sont un phénomène quasiment universel. Le mot pèlerinage vient du latin peregrinatio qui exprime l’idée de « voyager loin » et dérive de per ager « à travers champs ». En passant par les lieux liés à la vie du Christ, ceux qui ont été sanctifiés par des apparitions mariales ou encore les nombreux sanctuaires liés à des saints, quels sont les succès et nouveautés des pèlerinages de l’année 2024 ? 

+

homme nouveau Chartres pèlerinage
À la uneÉgliseLectures

Côté éditions | La Tradition liturgique, par Anne Le Pape

Les Éditions de L'Homme nouveau vous présentent La Tradition liturgique, Les rites catholiques, latins et orientaux, reçus des Apôtres, (Anne Le Pape, Novembre 2024, 98 pages, 15 €). Avec cet ouvrage sur les liturgies orientales, Anne Le Pape offre une enquête passionnante sur un univers souvent ressenti comme étranger, malgré l'appartenance de ces rites à l'Église catholique.

+

la tradition liturgique
ÉgliseThéologie

Un nouveau manuel de patristique

Carte blanche d'Yves Chiron | Le Nouveau Manuel de patristique qui vient de paraître chez Artège est appelé à devenir un livre de référence, « le Lagarde et Michard des Pères de l’Église », dit l’éditeur. L’ouvrage est publié sous la direction de Marie-Anne Vannier, rédactrice en chef de la revue Connaissance des Pères de l’Église depuis 1996 et professeur de théologie à l’université de Lorraine.

+

peres de leglise Louis Cazottes CC BY SA 4.0 Lavaur Cathedrale Saint Alain Chapelle des Peres de lEglise agnus
ÉgliseLiturgie

La pause liturgique : Sanctus 8, De angelis (Messe des Anges)

Le Sanctus 8 est la plus ancienne des quatre pièces de l’ordinaire de la messe des anges, puisqu’il est daté du XIIe siècle. Il est représenté par une centaine, au moins, de sources manuscrites. Sa mélodie est reprise, sans que l’on puisse affirmer avec certitude laquelle des deux est l’original, dans l’antienne O quam suávis est des premières vêpres à Magnificat de la fête du Saint-Sacrement.

+

communion alleluia sanctus agnus
Église

Jerzy Popiełuszko (3/3) : Saint Adalbert de Prague et les racines chrétiennes de la Pologne

Dossier : « Martyre du père Popiełuszko : la force irrésistible de la vérité » | La foi chrétienne en Pologne a trouvé son élan dans la mission et le martyre en 997 de saint Adalbert, moine bénédictin et évêque de Prague. Enseveli à Gniezno par le duc Boleslas, il permit à celui-ci d’être reconnu patrice de Pologne par l’empereur Otton III et de se charger par la suite de l’organisation ecclésiastique de l'État devenu chrétien.

+

Adalbert de Pologne