Pourquoi avoir un directeur spirituel ?

Publié le 23 Avr 2018
Pourquoi avoir un directeur spirituel ? L'Homme Nouveau

L’abbé Hervé Benoît, prêtre du diocèse de Bourges et canoniste, a écrit un livre sur la direction spirituelle, dans notre collection « Focus » aux éditions de L’Homme Nouveau. D’une cinquantaine de pages seulement, cet opuscule montre la nécessité pour les fidèles qui veulent grandir dans leur foi, de se faire accompagner. Nous avons posé quatre questions à l’abbé Benoît pour vous présenter son livre.

Vous avez écrit un livre sur la direction spirituelle, est-ce nécessaire d’avoir un père spirituel ?

Abbé Hervé Benoît : Merci de votre question, et merci à L’Homme Nouveau d’avoir accueilli ce projet éditorial. Peut-être est-il un peu réducteur de limiter la question à « avoir » ou « ne pas avoir » un Père spirituel. L’enjeu me semble être de savoir si nous voulons prendre les moyens d’une vie chrétienne plus fervente, d’une vie, comme le mot « spirituel » l’indique, « dans l’Esprit ». Le Père spirituel est l’un des moyens au service de ce but, parmi d’autres, comme la prière intérieure, la lecture de l’Écriture sainte, la pratique assidue des sacrements, etc. La direction spirituelle s’impose lorsque des relances ou des recadrages s’avèrent nécessaires, ou pour sortir de certaines impasses. Sa place est strictement mesurée par ce cadre. Il n’y a pas de gourous ou de coaches dans l’Église catholique !

 « Relancer et recadrer lorsque cela est nécessaire », il faut un discernement très éclairé pour mener cela à bien. Comment un prêtre peut-il savoir qu’il sera à la hauteur ?

C’est l’une des questions sur lesquelles j’ai le plus insisté dans la brochure. Après avoir rappelé les choses du point de vue de celui qui cherche une aide, j’ai abordé la question du point de vue de celui qui est sollicité. D’une part, à l’encontre d’une certaine mode et en accord avec la tradition, sans rigidité non plus, il faut centrer ce ministère autour de la figure du prêtre (ou du moine) dans sa dimension paternelle. Je sais, « ce n’est pas tendance », mais tant pis. D’autre part, il n’y a rien de moins évident, c’est le moins que l’on puisse dire, que de conduire ses frères sur le chemin de l’Évangile. D’où le titre : « Ars artium » (« L’Art des arts »), expression traditionnelle qui avertit de ne pas répondre à la légère à ces demandes, sans mission, ni expérience, ni science. À charge enfin pour celui qui l’exerce de conserver la prudence et la modestie dans une tâche où il n’est jamais infaillible et où il doit se soumettre lui aussi à l’Esprit Saint, le seul guide.

 Du côté du « fils spirituel » ou du « dirigé », est-ce nécessaire d’avoir un lien particulier avec un prêtre avant de lui demander de nous accompagner ?

Tout dépend, bien entendu, de ce que vous appelez « lien ». Si c’est le sentiment, éclairé par la raison, qu’il peut faire confiance à cette personne, c’est une bonne chose. S’il s’agit d’un attachement « affectif », c’est plus problématique. S’il existe entre eux un lien « institutionnel » ou « hiérarchique », hors des monastères que protège une longue tradition, à mon sens, ce lien sera un empêchement absolu. C’est ce que l’on appelle la distinction entre le for interne et le for externe. J’ai bien conscience que l’on pourra me reprocher de rigidifier cette séparation. C’est l’époque qui veut ça, sa grande confusion entre « psy » et « spi », son affectivité incontrôlée, l’ignorance de la tradition spirituelle catholique. On ne peut sous-estimer la tentation, éternelle en l’occurrence, de la volonté de puissance. Prudence, donc, des deux côtés.

Si nous connaissons bien le secret absolu qui pèse sur le confesseur, nous entendons moins parler de celui qui incombe au Père spirituel. Est-ce le même silence qui lui est demandé ?

J’en suis convaincu. Il y va de la confiance et de l’ouverture du cœur, même si cela n’est pas inscrit dans les textes. Il vaut mieux, me semble-t-il, un excès dans ce sens que l’inverse. On n’est jamais trop prudent. Mais notre temps veut la transparence. Sous prétexte d’écarter les dangers possibles, il s’attaque à l’intériorité et au « secret de Dieu ». Nous devons résister à cette tendance, de toutes nos forces et quel qu’en soit le prix.

Ars Artium pour le direction spirituelleHervé Benoît, collection Focus aux Éditions de l’Homme Nouveau

Prix : 7,5 €

Ce contenu pourrait vous intéresser

A la uneEgliseSynode sur la synodalité

La synodalité dans la tourmente

Le cardinal Mario Grech, secrétaire général du Synode des évêques depuis 2019, se confiait le mois dernier sur le synode et les intentions du Pape pour ce dernier. Il s'est notamment exprimé sur les couples homosexuels et le diaconat féminin, rappelant l'attachement du pape François à la théologie du peuple.

+

synod
A la uneEgliseLiturgie

Pour la liberté entière de la liturgie traditionnelle, en vue du redressement de l’Église

Jean-Pierre Maugendre, Directeur général de Renaissance catholique, propose une campagne internationale pour la liberté entière de la liturgie traditionnelle. Malgré la déchristianisation croissante de la société et la crise de l'Église, il rappelle que celle-ci peut renaître par le biais de la liturgie traditionnelle, dont la sûreté doctrinale et la transcendance ont sanctifié ceux qui nous ont précédés pendant des siècles, et contribuent encore à de nombreuses conversions. À condition de lui redonner une liberté pleine et entière, et non pas seulement une tolérance restrictive. 

+

liturgie traditionnelle
ChroniquesEgliseLiturgie

La Pause liturgique : Sanctus 5, Messe Magnæ Deus potentiæ (Mémoires des Saints)

Ce Sanctus du 4e mode a quelque chose de mystique et de majestueux, dans sa simplicité. Il alterne heureusement les formules neumatiques et les passages syllabiques, les progressions par degrés conjoints et les intervalles de tierce, de quarte ou même de quinte, les élans vers l’aigu et les détentes vers le grave. Ce Sanctus a la particularité de n’être représenté que par une seule source manuscrite, allemande, datée de la toute fin du XIIe siècle.

+

sanctus
SociétéLectures

L’inégalité, un outil de civilisation ?

Entretien | Juriste et historien, Jean-Louis Harouel s’attaque dans un livre récemment paru au mythe de l’égalité. Il postule que cette « passion laide » contemporaine, destructrice de la famille, entre autres, ne sert en rien les intérêts d’une population, en montrant que seule l’inégalité, créatrice de richesses, encourage la production et par là-même augmente le niveau de vie et conditionne le progrès moral et scientifique. Entretien avec Jean-Louis Harouel sur son livre Les Mensonges de l’égalité. Ce mal qui ronge la France et l’Occident.

+

égalité mythe