Romain Debluë, ou la résurrection du roman catholique

Publié le 20 Mai 2023

À l’image des chiens poursuivant le cerf, le jeune héros du livre poursuit sa chasse de Dieu.

Un immense et éblouissant roman catholique : voilà ce qu’est La Chasse au Cerf, roman de Romain Debluë, sorti il y a quelques semaines. L’auteur est un Suisse catholique, âgé de tout juste 30 ans, docteur en philosophie, et précédemment auteur des Solitudes profondes, en 2016. Ce second roman, aussi épais (1 050 pages) que spéculativement puissant, ressuscite le roman catholique, un siècle après Bloy et Bernanos. La Chasse dont il est question, c’est d’abord celle de Paul, jeune Suisse, étudiant en histoire à la Sorbonne, agnostique comme tous aujourd’hui, qui, par des rencontres amicales et intellectuelles, se met en quête de Dieu ; une fois que, de toute son intelligence, il a découvert « l’enivrante volupté, et ravissante, de la vérité », il lui faudra encore faire l’expérience avec son cœur de l’amour de Dieu, et de son corrélat qu’est l’amour du prochain : il devra lui-même témoigner du Dieu vivant, seule source de vie et de joie, dans l’infernal monde post-moderne, en particulier à une jeune fille désespérément satisfaite d’elle-même et indifférente à Celui qui est son bonheur. La Chasse, c’est donc la quête de Dieu par tout l’homme, par l’intelligence de la foi, par l’amour humain, par la beauté du monde – à moins que ce ne soit, avant cela, l’amoureux désir de Dieu pour l’homme, son inlassable et miséricordieuse recherche de l’humanité qui meurt loin de lui, et aussi loin d’elle-même.

Sans que cela enlève rien à l’intrigue de recherche existentielle et spirituelle, dense et saisissante, et portée par un verbe précieux et flamboyant, ce roman est essentiellement un roman à thèse, je veux dire un roman d’affirmation, qui sans relâche, de mille manières, affirme Dieu et la joie de l’existence par et pour lui. « Le choix est simple : soit nous vivons dans le Christ, soit nous mourons lentement dans la captivité de nous-même. » Croire en Dieu et vivre de Lui ne laisse pas la vie intacte, mais la transforme, et l’embrase de lumière et de gloire, qui seules satisfont l’immense désir humain. Comme dit Françoise, l’aimée en qui Paul pressent Dieu, « on devient catholique parce qu’on tombe amoureux, parce que l’on découvre que la Vérité nous aime, et qu’elle est la…

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Élie Collin

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