La Bulgarie et la Roumanie ont rejoint l’Union européenne en 2007 et seront intégrées à l’espace Schengen en mars prochain. Pourquoi une telle attente entre les deux admissions pourtant généralement concomitantes ? Quels risques cette intégration induit-elle ?
À partir du 31 mars, la Roumanie et la Bulgarie seront partiellement intégrées à l’espace Schengen. Néanmoins avec méfiance, cette intégration ne concernant que les frontières maritimes et aériennes mais pas les frontières terrestres. En clair, certes les contrôles seront levés pour les déplacements à partir de la Bulgarie et de la Roumanie vers les autres États de l’espace Schengen. Mais ils seront maintenus aux frontières terrestres entre ces deux pays et le reste dudit espace. La Bulgarie et la Roumanie ont rejoint l’Union européenne le 1er janvier 2007. Aussi, l’entrée d’un pays dans l’espace Schengen étant le plus souvent associée à l’admission à l’Union, on s’étonne d’une procédure qui a duré dix-sept ans dans le cas de ces deux anciens États du pacte de Varsovie. D’autant plus que, depuis 2011, la Commission européenne répétait qu’elle estimait la Bulgarie et la Roumanie aptes à rejoindre l’espace Schengen.
Des décisions difficiles à prendre
Mais alors pourquoi ce blocage ? Il venait du Conseil de l’Union européenne (1) qui réunit les ministres de l’Union par domaines de compétences. Les décisions doivent y être prises à l’unanimité or un dernier pays bloquait : l’Autriche. Situation d’autant plus ubuesque que, dans une résolution adoptée en juillet dernier, le Parlement européen avait voté à 526 voix pour, 57 voix contre et 42 abstentions en faveur de l’admission dans l’espace Schengen de la Bulgarie et de la Roumanie. On voit dans quel imbroglio l’Europe fonctionne, chaque structure ayant son niveau d’intervention et pouvant bloquer une décision consensuelle. Néanmoins, dirons-nous, heureusement, l’Autriche était là ! Car si l’accord pour l’entrée de la Bulgarie et de la Roumanie dans l’espace Schengen était généralement accepté, il présente plusieurs dangers.
Deux pays balkaniques
L’Autriche mais aussi les Pays-Bas en avaient pointé un, essentiel à leurs yeux : l’accès de ces deux pays balkaniques à l’espace en question risquait de provoquer une hausse du nombre de migrants forçant les frontières de l’Union européenne. On imagine la pression à laquelle ont été soumis ces deux pays « résistants ». Après avoir émis des réserves insistantes sur la corruption qui sévit en Bulgarie, les Pays-Bas ont plié les premiers.…