150 ans après le Vœu national de 1871 et la naissance du projet du projet de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre, alors même que ce haut lieu de foi est l’objet de nombreuses attaques aux plans politique et culturel, les Éditions de L’Homme Nouveau y consacrent un numéro spécial. Orchestré par Marie Piloquet, ce hors-série double offre une plongée historique et spirituelle dans la grande épopée du Vœu national et de la place du Sacré Cœur dans l’Église et la vie de la France.
Bien des récriminations offusquées ont, depuis quelques mois, percé l’espace médiatique. L’anniversaire des 150 ans de la Commune est déjà passablement estompé par la situation sanitaire, mais une goutte d’eau fait déborder le vase des mécontentements : en octobre dernier, a été décidée l’inscription aux monuments historiques de la basilique du Sacré-Coeur de la butte Montmartre, dont le projet naquit cette même année 1871. Pire, la Direction Régionale des Affaires Culturelles vise son classement pour 2022. On fustige une proposition indécente, un camouflet insolent…
C’est faire, volontairement ou pas, une erreur de compréhension et un mauvais procès d’intention. Qu’on se le dise, le sang des Communards ne fut pas le ciment de ces pierres blanches. La formulation du Vœu national pour « l’érection à Paris d’un sanctuaire dédié au Sacré Cœur de Jésus » a précédé l’insurrection populaire. Et si ses initiateurs Alexandre Legentil et Hubert de Fleury ont chacun manifesté a posteriori leur opposition à ce mouvement de la Commune, c’était, légitimement, en raison de son anticléricalisme foncier – et meurtrier. Leur prime ambition allait surtout bien au-delà de ce moment d’histoire : elle embrassait une tradition immense, celle de la spiritualité du Cœur du Christ, et voulait concentrer dans ce nouveau temple tous les mea culpa d’un peuple de croyants.
Les plus virulents avaient d’ailleurs vilipendé, à l’époque, une dimension par trop nationaliste. Le Père Jacques Benoist, lui, dans sa thèse magistrale, parle d’un « patriotisme christianisé ». C’est la France qui vient, effectivement, demander pardon, après sa défaite contre la Prusse et toutes ses révolutions depuis 1789.
Ce ne sont donc pas seulement les catholiques que la basilique du Sacré-Cœur a unis sous le drapeau du Christ… ce sont les Français. Elle a concrétisé cette immense dévotion, personnelle, et l’a placée sur le terrain politique. C’est ce qui devrait constituer le véritable scandale ! En ne voyant qu’un affront historique à la Commune, les opposants au classement de la basilique sont de pâles copies des anticléricaux d’hier… Le Vœu national de 1871 réunissant dans un même amour l’Église et la patrie, reconnaît à Dieu le règne social par excellence. « Je veux régner sur les âmes, sur les nations »… disait Notre-Seigneur à sainte Marguerite-Marie. D’intime et silencieuse, la dévotion au Sacré Cœur de Jésus devient publique et éloquente. On déclare que le monde et plus particulièrement la France, fille aînée de l’Église, « de glace pour Dieu » pour reprendre l’expression de Maurice Blondel, sera sauvé par « ce Cœur qui a tant aimé les hommes ».
Et l’adoration perpétuelle qui a lieu, là-haut, sur la Butte, est à l’image de cette certitude. Jamais elle ne cessa, ni pendant la Deuxième Guerre mondiale où les vitraux furent soufflés par les bombardements, ni lorsque le confinement du 16 mars 2020 interdit tout visiteur extérieur pendant deux mois… L’ostensoir proclame la Présence réelle. Paris garde son Soleil – il faut encore qu’Il règne tout à fait.