Ce 29 septembre, depuis le Ve siècle, l’Église romaine célèbre la fête de saint Michel, archange. La nature purement spirituelle du chef de l’armée céleste empêchant qu’on le célèbre à son dies natalis (naissance au Ciel), c’est la date de la consécration d’une église qui lui était dédiée, à Rome, qui fut retenue. En 1917, Benoît XV éleva cette fête au rite de « double de première classe » qui permit qu’elle fût célébrée aussi le dimanche jusqu’à la dernière réforme liturgique. Il institua aussi deux fêtes pour honorer les autres archanges nommés dans l’Écriture : saint Gabriel (24 mars) et saint Raphaël (24 octobre). La réforme du calendrier de 1969 les supprima et renomma la « Dédicace de saint Michel » en « Saints Michel, Gabriel et Raphaël, archanges ».
Avec les autres anges
De fait, si Michel est bien l’objet principal de cette fête, il y a toujours été question de ces deux autres archanges et même plus largement du monde angélique. Ainsi l’oraison, commune à la messe et à l’office, dit-elle : « Ô Dieu, qui disposez avec un ordre admirable les fonctions des anges et des hommes, accordez-nous, dans votre bonté, d’avoir pour protecteurs sur la terre ceux qui sans cesse vous entourent et vous servent dans le Ciel ».
Mais que désigne ce terme d’ange ? D’après saint Grégoire (mort en 604), « non leur nature, mais leur fonction » : les esprits célestes « sont anges seulement lorsqu’ils annoncent quelque chose » (Homélie 34 sur les Évangiles).
Les anges « supérieurs », les archanges, « reçoivent des noms particuliers, qui expriment les effets de leur opération. Ainsi Michel signifie Qui est semblable à Dieu ? Gabriel, Force de Dieu ; Raphaël, Remède de Dieu » (ibid.). Le saint pape précise : « Toutes les fois qu’il s’agit d’une chose où il faut une puissance extraordinaire, c’est Michel que l’Écriture cite comme envoyé, afin que son nom aussi bien que l’acte même, donne à comprendre que nul ne peut faire ce que Dieu fait par son incomparable puissance. » Et c’est surtout dans le combat contre Satan et les anges apostats que brille l’archange (cf. Ap 12, 7-9 ; première lecture de la messe [forme ordinaire]).
La liturgie mentionne d’autres attributions de saint Michel. Il est cité dans le Confiteor (forme extraordinaire), et à l’offertoire de la grand-messe, lorsque le prêtre bénit l’encens, il demande son intercession, à lui « qui se tient debout à la droite de l’autel, un encensoir à la main ». De nombreux commentateurs estiment encore qu’il est l’ange mentionné dans le canon romain, après la consécration : « Nous vous en supplions (…), faites porter cette offrande par les mains de votre saint ange, là-haut, sur votre autel » (prière Supplices). La liturgie des défunts le décrit comme le « porte-étendard » qui « condui[t] les âmes dans la lumière sainte » (messe, offertoire). Plus largement, on supplie tous les anges d’accourir pour conduire l’âme dans le « sein d’Abraham » (répons Subvenite), image hardie que les sculpteurs de Reims ont su rendre avec délicatesse. Enfin, lorsque le corps parvient à son dernier repos, on chante : « Que les anges te conduisent en Paradis (…), qu’ils te conduisent dans la cité sainte de Jérusalem. Que le chœur des anges te reçoive et que tu obtiennes le repos éternel » (ant. In Paradisum).
Alors que certains anges sont plus spécifiquement nos gardiens – et la liturgie les fête depuis le XVIe siècle (2 octobre) –, les anges sont nos exemples et nous encouragent à bien prier. Ne devrions-nous pas réaliser un jour ce que chante le psaume : « En présence des anges, je vous chanterai des psaumes, ô mon Dieu » (Ps 137,1) ?