> Dossier : « 1625-2025 : Sainte-Anne-d’Auray, quatre cents ans d’histoire et de ferveur »
La mère de la Vierge Marie est la patronne du plus important des sanctuaires bretons, la basilique Sainte-Anne-d’Auray. Elle y est en effet apparue au début du XVIIe siècle à un simple paysan, Yvon Nicolazik, qui, malgré les réticences du clergé, finit par réussir à restaurer son culte, probablement immémorial à cet endroit. Récit.
Tout commence la nuit du 12 août 1623 à Plumeret, au diocèse de Vannes. Un paysan du pays, Yvon Nicolazik, est réveillé en sursaut par la lumière resplendissante d’un cierge énorme qui s’est allumé dans sa chambre et flotte en l’air comme s’il était porté par une main invisible. La clarté dépasse tout ce que l’homme connaît mais en dépit de cela, impossible de distinguer le porteur de ce cierge.
La crainte en premier
Dans cette Bretagne où l’on croit aux signes de l’au-delà et aux « choses d’épouvante », un tel phénomène ne peut qu’inspirer la crainte : cela vient-il de Dieu ou du diable, se demande Nicolazik, connu pour sa grande piété qui lui inspire de se mettre en prière. Après qu’il ait dit deux Pater et deux Ave, le cierge mystérieux disparaît. N’était-ce un rêve, une illusion ? Nicolazik s’en convaincrait si, un mois et demi après, le 24 septembre, la lumière ne lui apparaissait de nouveau, à la tombée du soir, alors qu’il s’est attardé à travailler dans le champ qu’il cultive au Bocenno.
L’endroit n’est pas neutre. Une tradition immémoriale prétend qu’en creusant le sol, on y retrouverait les ruines d’une antique chapelle dédiée à sainte Anne ; à moins que ce soit à la déesse celte Anna, mère des dieux et « empérière des infernaux paluds ». Qu’il y a eu un édifice en cet endroit, tout le monde le sait, Nicolazik le premier, qui s’échine à travailler cette mauvaise terre encombrée, dès qu’on gratte le sol, de pierres affleurantes, dont le seul intérêt est de fournir des matériaux de construction gratuits, interdisant d’y passer la charrue et obligeant à travailler à la main. Sanctuaire de sainte Anne ? Cela se pourrait. En tout cas, la toponymie en a conservé la trace et le lieu se nomme en effet Keranna, preuve que la propriété de la sainte ou…