Alors que de plus en plus de dirigeants d’entreprise se plaignent devant les difficultés à écrire sans faute ou l’incapacité à rédiger une synthèse de la part de leurs cadres, le directeur de Science Po, Richard Descoings, a décidé de supprimer l’épreuve de culture générale au concours d’entrée dans son (ex ?) école prestigieuse. Après la discrimination positive, censée favoriser les enfants issus de l’immigration, Richard Descoings tente une nouvelle percée pour renverser les cadres habituels de l’institution. Il faut que cela bouge, même si l’on ne sait pas vraiment dans quelle direction. À la place de l’épreuve supprimée, les candidats seront désormais sélectionnés sur dossier et par un entretien oral. On ne voit vraiment pas pourquoi l’un et l’autre devaient être mis à la place de l’épreuve écrite et non pas à côté.
Richard Descoings se croit de son époque – la nôtre – vieux fantasme de ceux qui courent après le temps sans se rendre compte qu’ils sont toujours en retard d’un métro. Il est à l’heure de la « communication » au moment où tout le monde tente un retour sur l’essentiel. Il attend certainement des candidats qu’ils sachent se « vendre » (comme un simple produit et après les mêmes nous tartinerons des pages sur le respect de la dignité humaine…), non sur ce qu’ils savent ou ne savent pas, mais sur l’image qu’ils donnent. Après la destruction de l’apprentissage des savoirs de base au Primaire, nous sommes arrivés là au bout de la même logique.
Demain, les discours de nos futurs hommes politiques ne risquent pas seulement d’être creux, ils auront désormais la longueur d’un SMS et le sens d’une onomatopée. Leurs directeurs de cabinet et leurs conseillers en « communication » ne sauront pas plus penser qu’eux, ni même écrire. Quant à nos entreprises, elles chercheront leurs cadres ailleurs. Auprès de ceux qui allient culture générale, capacité d’expression (écrite et orale), savoir technique et sens de l’adaptation.
À tous, je conseille de se pencher sur les facultés libres qui travaillent dans un environnement moderne à former leurs étudiants dans une perspective de long terme qui passe justement par cette acquisition d’une culture générale, rehaussée par un apprentissage à bien juger en fonction du bien commun et des circonstances. Un tel enseignement est transmis par exemple à l’IPC (Faculté libre de philosophie comparée et de psychologie). Il y en a d’autres aussi que l’on peut retrouver auprès de l’Union des nouvelles facultés libres.