> C’est logique ! de François-Marie Portes
En voulant sacrifier deux jours fériés, le lundi de Pâques et le 8 Mai, sur l’autel des impératifs budgétaires, le Premier ministre ne s’attaque pas seulement à deux jours chômés. Il s’en prend au cœur même de leur signification : des fêtes, religieuses ou historiques, qui appellent au repos parce qu’elles sont d’abord des moments de mémoire et de joie partagée. Oublier cet ordre, c’est courir le risque d’effacer peu à peu ce que notre société avait choisi de célébrer.
Comment irriter tout le monde ? En s’attaquant au repos. Il est clair que notre Premier ministre n’en est pas à son premier acte agaçant. Mais être capable de se mettre à dos les conservateurs de droite et les amoureux de l’histoire relève presque de la virtuosité. Comment, me direz-vous ? En supprimant deux jours fériés, le lundi de Pâques et le 8 Mai. La première date parlera aux chrétiens ou aux nostalgiques de la France chrétienne se réjouissant de la résurrection de leur Dieu et la seconde aux mélancoliques de l’histoire de leur pays qui fut capable il y a moins d’un siècle de mettre fin à une guerre terrible.
Confusion dans la formulation
La suppression de deux jours fériés peut nous sembler anecdotique au vu des terribles enjeux financiers auxquels doit faire face notre pays. Mais le logicien que nous sommes ne peux s’empêcher de froncer les sourcils car il semblerait bien qu’il y ait une confusion dans la formulation. Notre lecteur le sait, s’il y a confusion dans les mots c’est qu’il y en a une plus grande encore dans les notions. Aussi c’est la saisie de la réalité qui nous est enlevée. Reprenons les choses à la base. Qu’est-ce qu’un jour férié ? Le mot férié vient du latin feriae qui possède une double signification :
- Tout d’abord la fête (le plus souvent en rapport à la religion).
- Puis le repos, ou l’absence de travail, afin de pouvoir fêter les dieux.
Il est intéressant de voir que nous utilisons une gradation dans le double sens du mot « feriae ». « Tout d’abord » suivi de « puis » peut interroger. Pourquoi mettons-nous une antériorité dans ces significations ? L’antériorité est un outil logique passionnant qui donne lieu à de magnifiques questions. Qui est avant ? le président ou le peuple qu’il sert ? le prêtre ou l’Église qu’il conduit ? Mais aussi à des questions…