Syrie : querelle arabo-kurde sous couverture américaine 

Publié le 16 Sep 2023
Syrie querelle arabo-kurde

Le 27 août dernier, en Syrie, de violents combats éclataient entre les forces du FDS (Forces démocratiques syriennes) et des groupes armés arabes d’obédience tribale. Le FDS, sous hégémonie kurde, est une alliance constituée avec des formations arabes, sous patronage américain, pour le contrôle de la région de Deir Ezzor, dans le nord-est de la Syrie. L’armée américaine, présente dans cette région sous prétexte de lutter contre Daech (l’État islamique), occupe de fait ce territoire. Elle se sert des Kurdes, par extension des Arabes qui leur sont associés, comme de « proxies », autrement dit d’auxiliaires locaux. Faisant apparaître la dissension entre Kurdes et Arabes dans le dispositif mis en place par les Américains, on comprend ces derniers fort contrariés. Cette explosion de violence est pourtant la manifestation de l’instabilité chronique de la région, même si une maladresse ou de mauvais calculs des Kurdes semblent la cause du déclenchement des hostilités. Celles-ci ont en effet éclaté avec l’arrestation d’Ahmad Al-Khabil, de son nom de guerre Abou Khalah, par les FDS. Pourtant affilié à celles-ci, il lui est reproché de contrôler des trafics, dont celui de la drogue, et surtout d’avoir noué des relations avec le pouvoir syrien, lui aussi adversaire des Kurdes et des Américains.  

De multiples intervenants

Pour comprendre cette guerre oubliée, il faut en rappeler la multiplicité des intervenants. Alliés du pouvoir syrien de Bachar Al-Assad, il y a à l’ouest du pays les Russes, les Iraniens et le Hezbollah libanais. Plus loin au nord, la Turquie, elle, occupe une partie de la Syrie en cohabitation avec des groupes islamistes. Certes, Ankara fait partie de l’Otan et, à ce titre, est considéré comme proche de Washington. Mais les Turcs sont des adversaires déclarés des Kurdes. En Syrie, tout le monde tend à jouer sa propre partition, y compris les Russes et les Iraniens. Ajoutant à cette mosaïque territoriale les attaques aériennes quasi hebdomadaires d’Israël contre le Hezbollah et les forces iraniennes qui stationnent dans le pays, on a une vision de la complexité de l’échiquier. C’est un peu comme le mécanisme d’une montre : qu’une pièce s’enraye et tout bloque. Sur le terrain syrien, cette pièce défectueuse, c’était Al-Khabil. En dépassant les limites des relations tacitement autorisées avec l’ennemi, il a fait craindre sa défection et l’ouverture de son territoire aux forces de Bachar. En clair, le passage de ces dernières de l’autre côté de l’Euphrate, le…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Alain Chevalérias 

Ce contenu pourrait vous intéresser

International

La Papouasie-Nouvelle-Guinée se dote d’une constitution chrétienne

Le 12 mars 2025, le Parlement de Papouasie-Nouvelle-Guinée a adopté un amendement de la Constitution proclamant officiellement le caractère chrétien de la nation. Le nouveau préambule affirme : « Nous reconnaissons et déclarons Dieu le Père, Jésus-Christ le Fils et le Saint-Esprit comme notre Créateur et le soutien de l’univers tout entier. »

+

Papouasie constitution
International

Un budget canadien controversé menace les organismes religieux et pro-vie

Le gouvernement canadien, sous la direction du Parti libéral, prépare son budget 2025, qui inclut des recommandations préoccupantes pour l’Église catholique, les organisations religieuses et les groupes pro-vie. Alors que Mark Carney, futur Premier ministre du Canada, s’apprête à prendre les rênes du pays le 28 mars, en pleine crise avec les États-Unis, la Conférence épiscopale canadienne (CECC) demande des comptes.

+

budget canada pro-vie