Le 27 août dernier, en Syrie, de violents combats éclataient entre les forces du FDS (Forces démocratiques syriennes) et des groupes armés arabes d’obédience tribale. Le FDS, sous hégémonie kurde, est une alliance constituée avec des formations arabes, sous patronage américain, pour le contrôle de la région de Deir Ezzor, dans le nord-est de la Syrie. L’armée américaine, présente dans cette région sous prétexte de lutter contre Daech (l’État islamique), occupe de fait ce territoire. Elle se sert des Kurdes, par extension des Arabes qui leur sont associés, comme de « proxies », autrement dit d’auxiliaires locaux. Faisant apparaître la dissension entre Kurdes et Arabes dans le dispositif mis en place par les Américains, on comprend ces derniers fort contrariés. Cette explosion de violence est pourtant la manifestation de l’instabilité chronique de la région, même si une maladresse ou de mauvais calculs des Kurdes semblent la cause du déclenchement des hostilités. Celles-ci ont en effet éclaté avec l’arrestation d’Ahmad Al-Khabil, de son nom de guerre Abou Khalah, par les FDS. Pourtant affilié à celles-ci, il lui est reproché de contrôler des trafics, dont celui de la drogue, et surtout d’avoir noué des relations avec le pouvoir syrien, lui aussi adversaire des Kurdes et des Américains.
De multiples intervenants
Pour comprendre cette guerre oubliée, il faut en rappeler la multiplicité des intervenants. Alliés du pouvoir syrien de Bachar Al-Assad, il y a à l’ouest du pays les Russes, les Iraniens et le Hezbollah libanais. Plus loin au nord, la Turquie, elle, occupe une partie de la Syrie en cohabitation avec des groupes islamistes. Certes, Ankara fait partie de l’Otan et, à ce titre, est considéré comme proche de Washington. Mais les Turcs sont des adversaires déclarés des Kurdes. En Syrie, tout le monde tend à jouer sa propre partition, y compris les Russes et les Iraniens. Ajoutant à cette mosaïque territoriale les attaques aériennes quasi hebdomadaires d’Israël contre le Hezbollah et les forces iraniennes qui stationnent dans le pays, on a une vision de la complexité de l’échiquier. C’est un peu comme le mécanisme d’une montre : qu’une pièce s’enraye et tout bloque. Sur le terrain syrien, cette pièce défectueuse, c’était Al-Khabil. En dépassant les limites des relations tacitement autorisées avec l’ennemi, il a fait craindre sa défection et l’ouverture de son territoire aux forces de Bachar. En clair, le passage de ces dernières de l’autre côté de l’Euphrate, le…