Syrie, Turquie : où est l’humanité ?

Publié le 16 Fév 2023

Le 6 février, en pleine nuit, à 4 heures 17, un séisme éclatait en Turquie et en Syrie. D’une magnitude de 7,8, son épicentre se situait dans la région de la ville turque de Gaziantep, non loin de la frontière syrienne. On pourrait presque y lire un symbole. C’est de Gaziantep que les pays occidentaux, dont les diplomates étaient retranchés dans des locaux « bunkérisés », soutenaient la révolution en guerre contre le régime des Assad. Sans prendre position, car ce n’est pas le moment, rappelons que depuis, l’Occident a lâché les authentiques révolutionnaires, les laissant dans un no man’s land entre les forces de Damas et des factions islamo-terroristes. Quant à la Syrie, elle est ruinée, dépecée par les Turcs et les Américains, ces derniers occupant le nord-est. Les avions israéliens l’ont transformé en stand de tir sans que l’opinion internationale ne s’en émeuve. L’hypocrisie occidentale se révèle donc, même si le régime des Assad s’illustre lui aussi par un haut degré de cynisme à l’égard de sa population. À 13 heures 24, presque aussi forte que le premier tremblement, une réplique secouait à nouveau la terre. La Turquie n’a pas connu séisme de pareille ampleur depuis le 17 août 1999. De plus, la neige et la pluie tombent en abondance. Les survivants en sont réduits à fouiller les décombres à mains nues. Terrorisés par les risques d’effondrement des bâtiments, frigorifiés, les gens s’entassent dans les jardins publics. Une semaine plus tard, on comptait plus de 35 000 morts dans les deux pays, dont près de 32 000 en Turquie. Les Nations unies s’attendent à voir ces chiffres doubler. Sans parler des dommages causés aux hôpitaux, aux réseaux d’approvisionnement en eau, en électricité et aux téléphones filaires. En Syrie, s’ajoute le choléra qui s’est déjà installé dans des zones détruites par la guerre. La réaction des pays étrangers est assez rapide. Des évaluateurs des Nations unies se sont immédiatement rendus sur place. Des équipes de secours ont afflué du monde entier. En Turquie, s’ajoutant aux 32 000 secouristes locaux, 8 000 étrangers les ont rejoints. Même le ministre des Affaires étrangères grec, Níkos Déndias, a fait le déplacement dans les zones turques sinistrées. Un geste remarquable quand on connaît les tensions entre Athènes et Ankara. Cependant ces aides sont-elles toujours désintéressées ? Il y a maintenant quelques décennies que le monde donne dans le commerce de la charité «…

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Alain Chevalérias

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Ballon espion : la Chine fait des bulles

rier, un ballon est signalé dans le ciel américain. Il est abattu par l’armée le 4 dans les eaux territoriales. Puis le 10 février, des avions de chasse F22 descendent un objet volant près des côtes de l’Alaska. Le 11, le Canada demande aux États-Unis d’intervenir pour faire feu sur un autre engin au-dessus du Yukon. Enfin, le 12, c’est à la verticale du Michigan (États-Unis) qu’un nouvel engin est abattu.

Le 8, Washington accusait la Chine de lancer « une flotte de ballons destinés à des opérations d’espionnage » à travers le monde. Étions-nous à la veille d’un nouveau conflit diplomatique ?

Très vite, Pékin s’avouait le propriétaire du premier ballon et déclarait que ce dernier transportait des équipements pour recueillir « principalement » des données météorologiques. On retiendra que « principalement » ne veut pas dire exclusivement. Même si les Chinois affirment que leur aérostat était sorti involontairement de sa trajectoire, les Américains s’inquiétaient d’autant plus qu’il était passé au-dessus du Montana où sont implantés leurs missiles nucléaires.

La suite nous en dira sans doute plus puisque l’aéronef a été récupéré pour analyse. Néanmoins, on sait déjà que sa charge était plus importante que celle d’un ballon météorologique normal. D’autre part, la nacelle était équipée d’un système de guidage qui rend peu crédible la thèse d’un écart involontaire de trajectoire.

La Chine n’en a pas moins répliqué avec fermeté : en exprimant « son fort mécontentement, elle proteste contre l’utilisation de la force par les États-Unis ».

Cependant, le mystère reste entier pour les trois autres engins volants non identifiés. Pékin n’en reconnaît pas la paternité et Joe Biden lui-même a déclaré : « Ces trois objets sont vraisemblablement liés à des entreprises privées, à des activités de loisirs ou à des institutions de recherche. » Peut-être, mais personne n’a élevé la voix pour se plaindre ou signaler la destruction de son ou de ses équipements. Ensuite, le président des États-Unis a donné un peu vite une explication logique et possible à ce mystère.

Mieux, il cherche à rassurer, disant qu’il n’y a pas une soudaine augmentation d’objets volants dans le ciel américain mais une meilleure capacité à les détecter avec les radars. Au point que l’on se demande s’il ne couvre pas autre chose. Dans son registre, le général Glen VanHerck, patron des forces aérospatiales américaines, en rajoutait. À une question sur un possible envoi d’OVNI par des extraterrestres, il répondait « n’avoir rien écarté à ce stade ». La Maison Blanche s’est vue obligée de démentir cette hypothèse.

La question se pose : l’armée américaine aurait-elle détruit le matériel d’expériences secrètes plutôt que de les révéler au public ? Ce ne serait pas la première fois, en raison du cloisonnement des informations sur de telles opérations. Un autre détail pourrait aller dans ce sens pour les trois autres aéronefs : alors que les restes du premier ont été retrouvés, l’armée américaine a déclaré ses recherches infructueuses pour les trois autres.

Reste à s’interroger sur la légitimité, en termes de droit, du survol d’un territoire par des ballons d’un pays tiers et, non moins important, de leur destruction par le pays survolé. Chaque État jouit de « la souveraineté complète et exclusive sur l’espace aérien au-dessus de son territoire », selon les règles de l’aviation civile. Les appareils civils sont libres de circuler, mais les appareils militaires peuvent être interceptés. Et s’il s’agit d’un appareil espion qui se donne une apparence civile ?

Néanmoins, et c’est un autre problème, selon Pékin, depuis l’année dernière, « des ballons américains ont survolé la Chine à au moins dix reprises ». Le hiatus est sans doute là : Washington n’accepte pas qu’on lui renvoie la politesse.

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