Vendredi 6 février, le président François Hollande et la chancelière Angela Merkel ont rencontré le président Vladimir Poutine au Kremlin pour tenter de trouver une solution au sujet de l’Ukraine. Mercredi prochain, un sommet réunissant France, Allemagne, Ukraine et Russie devrait avoir lieu à Minsk, en Biélorussie, avec pour objectif d’esquisser une solution pour l’Ukraine. Sur cette toile de fond, petit rappel historique de Thomas Flichy de La Neuville.
Une tradition diplomatique
La volonté française de détacher l’Ukraine de la Russie n’est pas une nouveauté. L’on oublie trop souvent en effet que la France a longtemps eu une politique ukrainienne très hardie. L’une des plus constantes traditions diplomatiques françaises consiste à maintenir la mer noire ouverte afin de mettre à la disposition de la France ses richesses céréalières puis pétrolières. Bref, la volonté française d’affaiblir une Russie parfois menaçante consiste à détacher l’Ukraine de Moscou.
Mazarin déjà
Ce plan est caressé par Mazarin puis par Choiseul dont la politique est fondée sur la double opposition envers l’Angleterre et la Russie. Tour à tour, Vergennes, Hauterive, Antoine de Saint-Joseph puis Talleyrand s’intéressent à ce pays. Voltaire justifie cette politique en déclarant : « L’Ukraine a toujours aspiré à être libre ». Mais c’est Napoléon qui concrétise le plan élaboré par les bureaux de la monarchie française, le jour où l’évolution de la situation européenne rend inévitable un duel avec le tsar Alexandre. L’idée des diplomates Français consiste à reconstruire un Etat cosaque indépendant nommé la Napoléonide. Cet Etat vassal et allié de la France permettra d’ouvrir la route des Indes. Malgré le grand espoir Français de 1812, l’Ukraine est soumis massivement à la russification.
Le témoin d’une crise européenne
En réalité, la question Ukrainienne se présente comme un problème international témoin. Elle ressurgit chaque fois que l’Europe est en proie à une crise profonde, qu’un nouvel ordre apparaît ou que son équilibre profond se modifie. Il en est ainsi dans la mesure où ce pays se présente comme un centre de gravité permettant à la Russie de peser sur l’Europe où à l’inverse à l’Europe d’enfoncer un coin dans la Russie.
Thomas Flichy de La Neuville est historien du droit et des institutions. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages dont L’Iran au-delà de l’islamisme (éditions de L’Aube).