Ukraine : le prix d’une guerre économique

Publié le 21 Sep 2022

Par Alain Chevalérias Le 21 février dernier, Vladimir Poutine déclarait l’indépendance des républiques de Donetsk et de Louhansk, deux régions de l’Ukraine à grande majorité russophone. On pouvait s’attendre à ce qu’il s’arrêtât là puisque, soutenant militairement les séparatistes russophones, il était déjà maître de l’enclave. Mais le 24 février, l’armée russe traversait la frontière de l’Ukraine. Qu’est-il arrivé au président russe pour qu’il commette une pareille erreur ? Nous l’avons déjà dit, l’Otan représente dix fois l’armée russe en hommes et en matériel. Alors, bien sûr, il est possible de s’interroger sur la responsabilité du déclenchement des hostilités, avec le rôle des États-Unis et de l’Europe qui font depuis longtemps la cour à l’Ukraine. Mais rien n’obligeait Vladimir Poutine à lancer son armée dans cette aventure. Sa faute est en effet avant tout stratégique. Concentrant des troupes à la frontière de l’Ukraine, il exerçait un chantage utile à sa politique en profitant de la pusillanimité de l’Occident. Franchissant la frontière, il affole l’Europe, renforce la cohésion de l’Otan, provoque l’appel au réarmement de l’Allemagne et suscite une réaction, en l’occurrence économique, d’une puissance rarement égalée depuis la Seconde Guerre mondiale. La guerre économique que nous engageons avec un train de sanctions, y compris bancaires, est néanmoins à double tranchant, car ne pas vendre ou ne pas acheter à un pays porte préjudice aux deux côtés. Que va donc nous coûter cette guerre ? Comme toujours, l’énergie est le premier problème. La Russie est le troisième producteur de pétrole du monde et le premier exportateur de gaz. Pour ce dernier, les Européens en sont dépendants à 40 %. Certes, il existe des producteurs de remplacement et la France n’importe que 18 à 24 % de son gaz de Russie. Néanmoins, il faut s’attendre sinon à une pénurie du moins à un renchérissement important. Les vacances risquent de coûter cher cette année. Déjà, dans les premiers jours de l’invasion, le gaz augmentait de 40 % et le baril d’or noir dépassait les 100 dollars. Certes, la main sur le cœur, Emmanuel Macron a promis un gel des prix du gaz jusqu’à l’été prochain. Mais des élections vont avoir lieu entre-temps, relativisant l’engagement du président de la République. Reste la question : qui paiera le surcoût ? L’État sans doute, c’est-à-dire, à plus ou moins long terme, le contribuable. Des échanges peu touchés Relativement, en termes d’échanges avec la Russie, notre pays ne devrait cependant…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Ce contenu pourrait vous intéresser

A la uneInternational

Le Liban otage du conflit israélo-iranien

Décryptage | Le 25 août, Israël a visé le sud du Liban dans le but de prévenir une attaque aérienne du Hezbollah. Une attaque qui fait suite à l'exécution par Israël d’Ismaïl Haniyeh, chef du Hamas venus à Téhéran pour y négocier un cessez-le-feu.

+

liban
International

L’Iran : un preneur d’otages non déclaré

Le jeudi 13 juin, le Français Louis Arnaud était libéré des prisons iraniennes et rentrait en France. Son nom ne dit pas grand-chose au public. Touriste de passage en terre perse, il était pourtant détenu depuis deux ans par le régime iranien, arrêté avec des compagnons de voyage européens sous le prétexte qu’ils auraient participé à des manifestations de l’opposition locale.

+

iran otage
International

L’Afrique du Sud entre passion et raison

Les élections générales en Afrique du Sud avaient lieu fin mai. L'African National Congress, parti historique de Nelson Mandela et au pouvoir depuis 1994, reste premier, mais avec seulement 40 % des voix. Le deuxième parti est dirigé par un Blanc, et le troisième par Jacob Zuma, ancien président du pays.

+

Afrique du Sud
International

Le nouveau pacte européen sur la migration et l’asile

Décryptage | Le 10 avril, le Parlement européen adoptait un nouveau règlement pour gérer l’immigration : « le Pacte sur la migration et l’asile » dans l’Union européenne. Le 14 mai, les chefs d’État de l’Union le validaient en grande pompe. Sans être complètement mauvais, on peut douter que le pacte suffise à gérer la pression démographique exercée sur l’Union européenne. Simplement parce qu’il ne comble pas, ou mal, les failles du dispositif législatif en vigueur. Néanmoins, la vraie nouveauté est l’installation d’un système de filtrage aux frontières extérieures de l’Europe, y compris dans les aéroports.

+

Hongrie migration