Un exorciste répond à la tactique du diable

Publié le 24 Mai 2017
Un exorciste répond à la tactique du diable L'Homme Nouveau

Prêtre et exorciste du diocèse de Fréjus-Toulon, le Père Jean-Régis Fropo présente dans 90 questions à un exorciste le fruit de son expérience et il montre que le croyant peut opposer à la puissance limitée du diable les armes que l’Église à la suite de son Maître lui donne pour le combattre.

On parle peu du diable… parler d’exorcisme, n’est-ce pas démodé ?

Père Jean-Régis Fropo : ­Diriez-vous que l’Évangile est « démodé » ? Non, il est de tous les temps et pour tous chemin de salut éternel. Parler du démon, c’est parler de celui qui avec beaucoup d’intelligence et de pièges cherche à détourner les hommes de la vérité du salut et de sa nécessité.

Je croyais les « bons catholiques » prévenus envers la consultation des voyantes, mages, médiums et autres guérisseurs-magnétiseurs… beaucoup tombent dans ces pièges… coûteux et qui peuvent créer des « liens » dommageables de diverses manières ! (cf. Dt 18, 10). Les adeptes de l’écriture automatique, du pendule, des formules pour « faire passer le feu » (avec invocation secrète à Judas !) apprennent à leurs dépens que ce n’est pas innocent !

Il en est de même pour la pratique active de la méditation transcendantale, du yoga, du Nouvel Âge, et autre approche du « divin » qui est à l’inverse de la démarche chrétienne ; cela laisse des traces !

La vogue des thérapies « alternatives » : kinésiologie, reiki, taï-chi-chuan, biofeeedback… nous font tomber dans l’illusion du discours sur les « énergies » (qu’elles soient cosmique, astrale, divine…), avec discours « nouvel âge » et imposition des mains : attention aux kinés, ostéopathes, acupuncteurs… qui se voulant plus efficaces se font initier à ces techniques et les pratiques dans leurs thérapies ! Un jeune kiné qui avait passé les trois degrés d’initiation au reiki s’est retrouvé avec des attaques violentes et tellement épuisé qu’il a dû faire quinze jours d’hôpital ! Non, tout cela n’est pas « neutre » et sans risques réels ! Attention où vous mettez les pieds et qui est celui qui vous fait un « soin » ! Consultez le site final-age.net. Refusez toute imposition des mains sauf par un prêtre.

Vous évoquez les problèmes de l’ascendance. Est-ce à dire que l’on peut être pieux et avoir hérité de « liens maléfiques » ?

Oui, c’est possible… Par exemple, ce petit-fils d’un grand initié franc-maçon qui s’est retrouvé à l’adolescence avec des troubles inexpliqués sur le plan psychologique. Une simple prière de délivrance l’a libéré. Ou encore, cette jeune femme qui avait une tendance suicidaire alors que tout allait bien dans sa vie : on a découvert qu’elle avait un « esprit de mort » en raison d’un ascendant qui avait commis plusieurs meurtres. On peut avoir des « liens » et même être « possédé » tout en étant en état de grâce. On est alors victime. C’est l’expérience de nombreux prêtres exorcistes, que des vivants peuvent hériter de liens maléfiques contractés en raison des actes désordonnés de leurs ascendants pendant leur vie ici-bas : c’est comme une espèce de « contagion » maléfique. Ces « liens » peuvent provoquer des troubles très dommageables pour eux. On peut envisager la célébration de messes pour la libération de ces liens, l’Église ayant toujours permis l’offrande du sacrifice de la messe à l’intention des « vivants » comme des défunts. Ainsi, on peut demander la conversion d’un membre de sa famille, comme sa guérison ou sa libération. Cette pratique est tout à fait légitime.

« La dimension de l’Incarnation dans notre vie, implique comme une “traçabilité” de nos origines, donc de nos ascendants, dont nous sommes dépendants sur les plans génétique, psychologique, comme éventuellement spirituel en bien comme en mal » (Mgr Dominique Rey).

Y a-t-il assez d’exorcistes en France ? Comment le devient-on ?

Il y a en principe un prêtre exorciste nommé par l’évêque dans chaque diocèse. Est-ce que tous « croient » au diable et aux ravages qu’il fait ? Aux très grandes souffrances que le Malin impose à ses victimes ? Aux armes que l’Église nous donne pour le combattre ? Et les utilisent-ils ?

Comment choisir un prêtre pour le ministère d’exorciste ?

Le Rituel de 1998 au § 13 écrit : « Le ministère d’exorciser les possédés est accordé par une permission particulière et expresse de l’Ordinaire du lieu, qui, selon la règle, sera l’évêque diocésain lui-même. Cette permission doit être accordée seulement à un prêtre pieux, éclairé, prudent et de vie intègre, et spécialement préparé à cette charge » (CDC canon 1172).

Tout prêtre peut-il pratiquer un exorcisme ?

De par l’autorité de son sacerdoce et sa participation à la grâce du Christ Tête, tout prêtre a la capacité de prononcer une « bénédiction », c’est-à-dire une prière en forme d’exorcisme. Mais il faut qu’il en ait reçu le « pouvoir » de son évêque d’une manière permanente ou ponctuelle.

Votre livre s’adresse-t-il à tous ou à un public averti ?

J’ai constaté que le démon profite largement de l’ignorance sur ces questions pour propager les ravages de sa haine de Dieu et de toute sa Création, en particulier des hommes qu’il tourmente et qu’il cherche à entraîner en enfer. L’ignorance de ces questions peut être coupable ; devant une personne qui souffre, comment faire un discernement « éclairé » sans une bonne formation sur ces questions ? C’est une question de charité pratique. Il ne faut pas mettre ce livre entre les mains d’une personne impressionnable et craintive. Tout prêtre va aujourd’hui rencontrer ces problèmes chez ses pénitents. Ils doivent savoir que l’absolution sacramentelle ne délivre pas des liens maléfiques.

Jean-Régis Fropo, 90 questions à un exorciste. Éd. de l’Emmanuel, 286 p., 19 €.

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