> Éditorial de Maitena Urbistondoy
Le 8 mai dernier, les caméras du monde entier étaient braquées sur la loggia de la basilique Saint-Pierre. Des milliers de journalistes et de pèlerins, venus de tous les continents, attendaient le visage du nouveau pape. Comment l’élection du souverain pontife peut-elle continuer, en 2025, de captiver autant l’attention ? C’est que l’Église catholique, selon les derniers chiffres de l’Annuarium Statisticum Ecclesiae, rassemble plus de 1,4 milliard de fidèles. Elle incarne une force unique dans le paysage mondial, et le Pape demeure, même aux yeux des non-croyants, une figure à part.
Un pape d’ouverture ?

Proinséas, CC BY-SA 4.0
Certains se sont empressés de le présenter comme un pape d’ouverture. Libération le décrivait, dès le soir de son élection, comme celui « qui dessine les lignes d’une Église catholique inclusive ». Mais Léon XIV aurait-il déjà refermé cette tentative de captation ? Très vite, ses gestes, son ton et surtout le choix de son nom ont marqué une inflexion plus profonde. Il ne s’agissait pas de la continuité attendue mais de celle que beaucoup n’osaient plus espérer, et qui a pourtant rassuré.
Le 9 mai, lors de sa première homélie à la chapelle Sixtine, il rappelait le cœur de sa mission : « Disparaître pour que le Christ demeure, se faire petit pour qu’Il soit connu et glorifié, se dépenser jusqu’au bout pour que personne ne manque l’occasion de Le connaître et de L’aimer. »
En se plaçant dans la filiation de Léon XIII, il s’inscrit dans un héritage doctrinal clair auquel beaucoup de fidèles aspirent. L’ouverture de ce nouveau pontificat pourrait être l’occasion providentielle de remettre en lumière l’héritage du pape aux 86 encycliques !
Nous avons particulièrement entendu parler de Rerum novarum (1891), que le nouveau pape a régulièrement évoqué depuis son élection et dont l’inspiration épouserait pour certains les critères du « progrès » mais c’est oublier peut-être les fondements de la doctrine sociale de l’Église que Léon XIII rappelait dans cette même encyclique :
« Toute autorité vient de Dieu et est une participation de son autorité suprême. Dès lors, ceux qui en sont les dépositaires doivent l’exercer à l’exemple de Dieu, dont la paternelle sollicitude ne s’étend pas moins à chacune des créatures en particulier qu’à tout leur ensemble. »
Mais parmi ses nombreux textes, il faudrait aussi citer Immortale Dei (1885), qui, dès les premières lignes, évoque d’ailleurs saint Augustin face aux accusations païennes contre les chrétiens :
« Nous le savons, les chrétiens ont été inquiétés par suite d’injustes préjugés de cette sorte, et mis en butte à la haine et au ressentiment, sous prétexte qu’ils étaient les ennemis de l’empire. À cette époque, l’opinion publique mettait volontiers à la charge du nom chrétien les maux qui assaillaient la société, tandis que c’était Dieu, le vengeur des crimes, qui infligeait de justes peines aux coupables. Cette odieuse calomnie indigna à bon droit le génie de saint Augustin et aiguisa son style. »
Léon XIII poursuivait dans la même encyclique :
« Si l’Europe chrétienne a dompté les nations barbares et les a fait passer de la férocité à la mansuétude, de la superstition à la vérité ; si elle a repoussé victorieusement les invasions musulmanes, si elle a gardé la suprématie de la civilisation, et si, en tout ce qui fait honneur à l’humanité, elle s’est constamment et partout montrée guide et maîtresse ; si elle a gratifié les peuples de sa vraie liberté sous ces diverses formes; si elle a très sagement fondé une foule d’œuvres pour le soulagement des misères, il est hors de doute qu’elle en est grandement redevable à la religion, sous l’inspiration et avec l’aide de laquelle elle a entrepris et accompli de si grandes choses. »
L’Empire et le sacerdoce
Et de rappeler encore, en citant Yves de Chartres :
« Quand l’Empire et le Sacerdoce vivent en bonne harmonie, le monde est bien gouverné, l’Église est florissante et féconde. Mais quand la discorde se met entre eux, non seulement les petites choses ne grandissent pas, mais les grandes elles-mêmes dépérissent misérablement. »
À l’heure où l’euthanasie est sur le point d’être légalisée en France, où le nom du Christ est refoulé dans la sphère privée, l’unité des catholiques devient urgente. Une unité non pas simplement ecclésiale, mais aussi politique. Ce n’est pas par compromission que l’Église a formé l’Europe, mais par sa foi. C’est cette foi qui a adouci les mœurs et élevé les institutions. Léon XIV, dans ses toutes premières paroles, a donné le ton : « Lorsque sa présence [celle du Christ] deviendra gênante en raison de son exigence d’honnêteté et de moralité, ce “monde” n’hésitera pas à le rejeter et à l’éliminer. »
Le pontificat de Léon XIV commence. Il suscite de grandes espérances. Mais c’est à nous d’y répondre dans l’unité de la foi, et dans le Christ seul.
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