C’est un projet qu’ils mènent en couple. Si Florent est le scénariste de la bande dessinée, c’est Marie sa femme qui en est l’illustratrice. Leur rencontre était placée sous le signe de Saint Philippe Néri, ils ont choisi de réaliser ce projet de bande dessinée pour faire connaitre le fondateur de la Congrégation de l’Oratoire, mort il y a plus de 400 ans. Nous les avons interrogé.
Pourquoi avez-vous choisi ce saint et comment l’avez-vous découvert ?
Je suis l’illustratrice de cette bande dessinée, le scénariste est mon mari, Florent, qui est de Nancy où j’ai fait mes études. À Nancy, mon père spirituel, un prêtre de la communauté de l’oratoire Saint Philippe Néri, m’a conseillé de faire partie d’un groupe de jeunes. Cela m’a beaucoup apporté car c’est une spiritualité qui touche et soutient beaucoup les étudiants. Or dans ce groupe il y avait… Florent ! On peut dire que nous nous sommes rencontrés grâce à Philippe Néri. Nous avions tous les deux envie de parler de ce personnage fantastique car il avait un sens de l’humour improbable tout en ayant en même temps une profondeur spirituelle impressionnante. Il était à la fois mystique et comique. Cela fait un cocktail vraiment incroyable.
A-t-il joué un rôle important dans l’histoire de l’Eglise ?
Oui, il a justement eu un rôle très important pendant la contre-réforme. Son histoire se passe après la réforme protestante, une révolte qui n’est pas arrivée pour rien. En effet, il y avait dans l’Église des hommes qui étaient nommés évêques ou cardinaux pour le prestige, ce contexte n’aidait pas vraiment l’Église à aller bien ! C’est là que Philippe Néri a eu une excellente idée, reprendre certaines critiques des protestants qui étaient justes pour les appliquer à l’Église. Par exemple, il a créé des groupes de laïcs pour leur permettre de participer et de mieux comprendre la parole de Dieu, chose très difficile à l’époque. Lorsqu’une église était construite, il faisait attention à ce qu’elle soit sobre. En effet, d’après lui en entrant dans l’édifice, il ne fallait pas se déconcentrer de Dieu pour observer les richesses présentes. Il a beaucoup insisté sur l’humilité pour lutter contre le prestige et les honneurs. En commençant par lui-même, car son côté clownesque lui permettait d’éviter d’être hautement considéré !
Comment l’idée de la création d’une bande dessinée vous est apparue et quel rôle a-t-elle joué dans votre vie ? Qu’avez-vous eu comme impressions sur le fait de travailler avec votre mari ?
Je suis illustratrice à mi-temps, j’ai deux métiers différents. Mais ce n’est pas la première fois que je travaille sur des illustrations et des bandes dessinées, c’est le mode d’expression qui est le mien. De son côté mon mari a de bonnes compétences sur ce projet aussi car il travaille dans l’archéologie et la recherche. Il est également passionné par Rome et a donc fait plusieurs recherches sur cette ville pour notre bande dessinée. Rome a beaucoup changé entre l’époque de Philippe Néri et la nôtre. En se basant sur des plans de fouilles, il a trouvé comment se situait telle ou telle église. Cela m’a beaucoup aidé dans mes dessins car cela me permettait de savoir si je pouvais dessiner une certaine place ou pas, si je pouvais dessiner par exemple le pont Saint-Ange tel qu’il est aujourd’hui…
En plus de ses recherches historiques, il a lu des ouvrages sur Philippe Néri. Lorsqu’une personne veut lire une biographie sur ce Saint, elle est souvent confrontée à des choix pas très évidents. Tout d’abord, elle peut se renseigner auprès de livres très détaillés mais énormes. Sinon, elle peut voir des films de la RAI (Radiotelevisione Italiana), romancés, où elle doit démêler l’historique de la légende. Nous espérons que cette BD permettra une lecture agréable, accessible, mais historiquement juste.
Au tout début, quand nous avions commencé la bande dessinée, nous n’étions qu’un jeune couple. À cette époque, nous avions envie de créer quelque chose ensemble et de rendre hommage à Philippe Néri. Nous nous sommes dit : l’une dessine, l’autre recherche et écrit… Faire une bande dessinée est devenu une évidence. Encore aujourd’hui c’est une belle aventure de couple.
Comment avez-vous travaillé ensemble ? Combien de temps a duré la réalisation de la bande dessinée ?
Tout d’abord, comme nos compétences se complètent, cela nous a permis de bien travailler ensemble, on n’avait donc pas à se critiquer ! Nous nous retrouvions énormément pour le story board. C’était là où nous devions faire coïncider les textes avec les illustrations. C’était toujours passionnant. Florent avait rédigé le scénario, mais il fallait le mettre en images, découper l’action et choisir les plans, les points de vue. Nous cherchions ensemble les idées pour mettre en valeur les événements que nous voulions raconter, et pour trouver le ton juste. Nos échanges étaient riches. Souvent, nous nous sommes confrontés à des problèmes théologiques : heureusement, le Père Matthieu Delestre, oratorien, a toujours été présent pour relire et nous aider à trouver cette justesse.
Bien sûr, cela nous a pris des heures, des soirées et des week-ends. Au début de notre travail, nous ne pensions à rien de sérieux. Nous n’avions pas encore l’espoir de le faire éditer. Nous travaillions tous les deux seulement pendant notre temps libre, nous n’osions pas croire qu’un jour nous pourrions le publier. Alors nous y travaillions tranquillement tout en devant faire des pauses : à la naissance de nos enfants ! Cela fait six ans que nous sommes sur ce projet sans y travailler en permanence. Puis petit à petit nous avions commencé à y croire vraiment et nous nous sommes promis d’aller jusqu’au bout.
Réaliser cette BD vous a permis d’en apprendre plus sur Saint Philippe Néri. Qu’en retenez-vous ? Pensez-vous qu’il est important qu’il soit mieux connu aujourd’hui ?
En général, les gens peuvent connaître de nombreux saints, mais personne ne se plonge dans leurs peaux. Cela a été notre travail. Nous avons vécu personnellement la spiritualité oratorienne, mais pour écrire notre bande dessinée, il nous a fallu imaginer ce que Philippe aurait dit ou fait dans des cas précis, car dans une bande dessinée il y a beaucoup de dialogues. Il faut retrouver la psychologie du personnage, ce qui est difficile car il est né il y a 500 ans… Même si cette BD est historique, il y a une part de création.
Lorsqu’on essaye de connaître quelqu’un en profondeur, qui est si proche de Dieu, qui a une grande foi et est un mystique important, cela nous rapproche aussi de Dieu. Cet homme était vraiment épatant, il avait la capacité de faire des blagues en toutes circonstances et en même temps conserver cette profondeur. Je crois que notre foi a beaucoup grandi en apprenant à le connaître.
Pour l’Eglise actuelle, il est un modèle de joie. La joie de l’humour ainsi que la Joie que l’on reçoit lorsqu’on est proche de Dieu. La Joie, c’est un don de l’Esprit-Saint, quelque chose qu’on gagne toujours à retrouver.
La première biographie en BD de saint Philippe Néri est en prévente sur le site Credofunding.
Vous pouvez suivre l’avancée du projet par sa Page Facebook.