Comme l’auteur le rappelle dès la première ligne, la Révolution russe a été l’objet de centaines d’ouvrages (et même semble-t-il de milliers) énonçant tous qu’elle a changé la face du monde. Son centenaire va susciter une nouvelle vague, en particulier sur ses causes et son déroulement précis, loin des mythes de la lecture marxiste « canonique », puisqu’il semble aujourd’hui établi qu’il s’est agi au départ d’un vulgaire coup d’État perpétré par un petit groupe armé. C’est dans ce domaine que l’auteur entend apporter de nouvelles lumières. L’essentiel tient à deux affirmations : d’une part, 1917 a été l’œuvre de Trotski bien plus que celle de Lénine, d’autre part, le capitalisme nord-américain y a joué un rôle important (la suite de l’ouvrage sur l’ascension de Staline le bureaucrate au détriment du flamboyant Trotski est moins originale). Le problème avec les thèses que défend et illustre l’auteur c’est qu’il ne cite que rarement des sources pour étayer ce qu’il affirme, et qu’elles ne sont pas précises lorsqu’il le fait. Or s’agissant d’un évènement dont il répète après tant d’autres qu’il a changé la face du monde, et pour lequel les récits et les interprétations sont innombrables, on ne peut s’en satisfaire, alors que d’autres thèses s’appuient sur un sérieux appareil de sources. Il est à craindre que le lecteur suspende son jugement. Et il faut espérer que l’auteur, ou d’autres, donneront pour juger de ces thèses une version plus précise.
Victor Loupan, Une histoire secrète de la Révolution russe, Éd. du Rocher, 194 p., 17, 90 €.