Université d’été : la France catholique face à l’Islam

Publié le 12 Juin 2015
Université d'été : la France catholique face à l'Islam L'Homme Nouveau

Entretien avec Jean-Pierre Maugendre, président de Renaissance Catholique.
Propos recueillis par Jehan-Sosthènes Boutte du Jonchay.

Du samedi 11 au mardi 14 juillet aura lieu la vingt-quatrième université d’été de Renaissance Catholique sur le thème : « La France au risque de l’islam ». Pendant quatre jours, les participants s’interrogeront sur les rapports entre la civilisation française et la religion musulmane.

Le thème de votre université d’été est « La France au risque de l’islam ». La religion islamique met-elle la France en danger ?

D’après Dalil Boubakeur, recteur de la Grande Mosquée de Paris et président du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM), il se trouve en France environ sept millions de musulmans. Peut-être ce chiffre est-il exagéré, mais c’est un fait que le nombre des musulmans en France est croissant. Or, ces populations, étrangères à notre civilisation, jeunes et fières de leur identité, sont persuadées que l’avenir leur appartient. Il existe donc des risques réels de conflit dont traiteront François-Xavier Bellamy et Roberto de Mattei. Il est trop simple de croire que parce qu’un immigré malien polygame acquiert la nationalité française tous les problèmes posés par son mode de vie, disons atypique par rapport à nos us et coutumes, seraient résolus d’un coup de baguette magique.

Quel enseignement voulez-vous donner ?

Notre enseignement se divise en trois parties. D’abord, une interrogation sur la nature réelle de l’islam. Ensuite, un questionnement sur la ligne de partage entre islam et islamisme. Enfin, une réflexion sur la laïcité présentée aujourd’hui comme le seul rempart crédible face à l’islamisme. Sur ce dernier point chacun peut observer que la laïcité n’a jamais été présente en terre musulmane que de façon provisoire. En effet la laïcité, distinction du spirituel et du temporel, est une idée chrétienne, contrairement au laïcisme contemporain qui en est la séparation. La laïcité ne peut s’imposer à un musulman sans le contraindre à remettre sa foi en cause. Enfin, paradoxalement, l’Occident laïcisé est à la fois, pour les musulmans, une source d’attraction à cause du niveau de vie occidental et de répulsion en raison des mœurs « libérées » qui y règnent.

Quels sont les signes d’espérance que vous voyez dans le dialogue entre le catholicisme et l’islam ?

Avant de commencer à dialoguer, il convient d’abord de s’interroger sur les finalités du dialogue. Un chrétien croit que le Christ est venu sauver tous les hommes, par la médiation de son Église. Pour autant, le Décalogue est présent dans la conscience de chaque homme, même si cette conscience peut être faussée ; cette dimension religieuse de l’homme sera abordée par l’abbé Guillaume de Tanouärn. Le dialogue avec les musulmans ne peut avoir d’autre fin que leur conversion. Ceci posé, l’acte de foi dans le christianisme est libre, ce qui n’est pas le cas dans l’islam, et il s’agit d’établir les conditions d’une coexistence pacifique quand les populations sont mêlées. Or, il faut se souvenir que l’islam oscille sans cesse, selon Jules Monnerot, entre fatalisme quand il est dominé, et fanatisme quand il est dominant.

Par quels moyens souhaitez-vous le rétablissement des valeurs chrétiennes ?

Notre contribution à la réforme intellectuelle et morale passe par l’organisation de ces universités d’été et d’une session de formation pour les jeunes à la Toussaint, l’édition des Actes de ces universités ainsi que d’autres ouvrages, l’organisation de conférences et d’une fête du livre début décembre en région parisienne. Bien modestement notre démarche souhaite s’inspirer de la démarche paulinienne et de ses méthodes de diffusion de l’Évangile.

Pouvez-vous nous dire en quelques mots ce qu’est « Renaissance Catholique » ?

Nous sommes une association de laïcs créée en 1988, dont le but est de contribuer à ce qu’Ernest Renan appelait « la réforme intellectuelle et morale ». En effet, il nous semble que la réforme des cœurs et des intelligences a toujours précédé celle des institutions. Nous œuvrons pour le rétablissement des valeurs chrétiennes en France, dans la fidélité à notre foi catholique et nous sommes animés d’une authentique piété filiale envers notre pays.

Comment venir à l’université d’été ?

Pour venir à l’université d’été de Renaissance Catholique, il faut s’inscrire sur le site de l’association : renaissancecatholique.org. Il existe des tarifs spéciaux pour les lycéens, les étudiants, les personnes de moins de 25 ans et les ménages jusqu’à 40 ans. L’université d’été se tient du 11 au 14 juillet, au Carrousel de Baronville (28) à proximité de Chartres.

Renseignements : www.renaissancecatholique.org 

Ce contenu pourrait vous intéresser

SociétéLectures

L’inégalité, un outil de civilisation ?

Entretien | Juriste et historien, Jean-Louis Harouel s’attaque dans un livre récemment paru au mythe de l’égalité. Il postule que cette « passion laide » contemporaine, destructrice de la famille, entre autres, ne sert en rien les intérêts d’une population, en montrant que seule l’inégalité, créatrice de richesses, encourage la production et par là-même augmente le niveau de vie et conditionne le progrès moral et scientifique. Entretien avec Jean-Louis Harouel sur son livre Les Mensonges de l’égalité. Ce mal qui ronge la France et l’Occident.

+

égalité mythe
SociétéEglise de France

Pandémie : un avant-goût de la restriction des libertés fondamentales ?

Entretien | Le colloque « Pandémie, Droit et Cultes » s’est tenu à Paris en mars 2022. Ses actes rappellent qu’entre 2020 et 2022, les prérogatives de l’État ont été augmentées de manière extraordinaire au détriment des libertés essentielles, dans un renversement complet de la hiérarchie des biens. Une situation dangereuse qui pourrait bien se reproduire sous des prétextes variés. Entretien avec Guillaume Drago, co-organisateur du colloque et professeur de droit public à l’université de Paris-Panthéon-Assas.

+

pandémie liberté de culte
SociétéBioéthique

Fraternité et euthanasie : un débat sciemment faussé

Faisant droit aux revendications anciennes et répétées de certaines associations, le président Macron vient d’annoncer une loi sur l’euthanasie. Mais en usant d’un registre lexical détourné qui évoque l'« aide à mourir », l’autonomie de l’individu, les « conditions strictes » et la « fraternité »... Toutes expressions trahissent le sophisme, l’influence des officines francs-maçonnes, la solution miraculeuse aux déficits et surtout la crainte d’un vrai débat.

+

fraternité euthanasie
SociétéBioéthique

50 ans de résistance à l’avortement (3/3) : Combat contre l’avortement et transition postdémocratique

Question disputée | Combattre à temps et à contretemps en faveur de la vie humaine, de sa conception à sa mort naturelle, est une urgence née des lois mortifères mises en place par un système politique qui, loin d'être neutre, a rompu dès ses origines avec les exigences de la loi naturelle. Dès lors, n'est-il pas nécessaire de finaliser ce combat particulier en l'insérant dans une perspective plus large ?

+

AdobeStock 417378513 loi sur la fin de vie