Vingt ans se sont écoulés depuis que Jean Sévillia a publié la première édition du Terrorisme intellectuel, abordant de front, et avec des exemples à l’appui, les procédés de la machine révolutionnaire, retoilettés dans la bien-pensance et la quiétude moralisatrice de notre époque.
Le concept même de « terrorisme intellectuel » avait alors choqué et la suite mortifère des attentats subis par la France avait pu aussi donner l’illusion d’un décalage tragique.
D’un côté, on tuait physiquement, et de préférence les femmes et les enfants, l’ensemble des victimes innocentes, celles qui se trouvaient au mauvais endroit, au mauvais moment. De l’autre côté, des victimes – peut-être ? – souvent consentantes à ce qu’elles subissaient, mais qui n’en continuaient pas moins de vivre tranquillement et qui pouvaient réagir si vraiment elles se sentaient agressées ou menacées.
Mais, justement ! L’exemple même de la répétition des attentats, leur origine et leur dessein, pouvait nourrir l’analogie avec une forme de terrorisme plus subtile d’une certaine manière, bien qu’elle n’hésite pas à user parfois de ficelles grossières. La réaction face aux attentats pouvait en entraîner une autre devant ce terrorisme plus insidieux qui vise les consciences et les mécanismes d’auto-défense intellectuels et moraux devant le pilonnage des idées fausses, des reconstructions permanentes et obligatoires et la mise au ban de tout ce qui a fait la grandeur d’une civilisation.
Vingt ans après, alors que viennent de paraître Les Habits neufs du terrorisme intellectuel, comment ne pas saisir cette occasion pour creuser un peu plus ce qu’est cette forme de terrorisme, ses racines, ses méthodes et les moyens d’y résister ?
Pour ce faire, nous avons dialogué avec Jean Sévillia et avec Mathieu Bock-Côté, préfacier du livre.