Paul Cézanne (1839-1906) si connu pour ses paysages et natures mortes le serait moins pour ses portraits. Le musée d’Orsay offre donc à ses visiteurs l’occasion de contempler ses visages peints d’une façon très personnelle et nouvelle en ce XIXe siècle. Dans sa jeunesse, il réalise son autoportrait et les figures de ses proches, avec l’étonnante face de son oncle Dominique qu’il peint à de nombreuses reprises (autour de 1860), sans aucune idéalisation, dans sa manière « couillarde » pour reprendre son propre vocabulaire. L’aspect souvent épais de la matière, les traces du couteau à peindre dont il se sert, les teintes originales, ont dérouté les hommes de son époque. Aujourd’hui, notre œil habitué aux effets de pâte et aux aplats de couleurs qui participent à la construction des formes, se laisse conduire presque sans résistance. Et son sens de la coloration séduit. Souvent ces peintures ne disent pas grand-chose de la psychologie des personnages. Tout est d’abord une question de forme et d’équilibre et « ça tient » malgré une perspective fantaisiste comme sur le portrait de Gustave Geffroy (1895-1896) où la table est curieusement rendue avec des livres qui menacent d’en glisser. Plus loin, parmi les nombreuses représentations de son modèle devenue son épouse, souvent étudiée comme une nature morte, un émouvant portrait la montre les cheveux dénoués, le regard dans le vide, triste et douce (Madame Cézanne aux cheveux dénoués, le rendu de sa robe rayé est superbe). En regardant attentivement sa peinture, on comprend combien sa manière « non finie » conduit progressivement la peinture vers le cubisme. À découvrir !
Jusqu’au 24 septembre 2017. Musée d’Orsay, 1, rue de la Légion d’Honneur, 75007 Paris. Ouverture de 9h30 à 18h le mardi, le mercredi, le vendredi, le samedi et le dimanche, de 9h30 à 21h45 le jeudi.