L’Homme Nouveau est parti visiter les églises de Paris qui entourent Notre-Dame, afin de faire redécouvrir ces édifices moins connus malgré leur beauté et leur histoire.
Depuis la réouverture de Notre-Dame de Paris, la cathédrale accueille près de 30 000 visiteurs par jour. L’attrait d’un des monuments les plus emblématiques de France peut éclipser la richesse des autres églises qui l’environnent. C’est pourquoi nous proposons au lecteur de visiter les églises qui entourent Notre-Dame et qui tendent parfois à être oubliées du grand public du fait de leur imposant voisinage.
Commençons dans le 6e arrondissement, où se dresse la plus ancienne église de Paris, Saint-Germain-des-Prés.
Fondée en 543, elle est contemporaine du roi mérovingien Childebert Ier sur ordre duquel elle a été construite. Témoin de l’histoire de l’architecture religieuse, sa nef date de l’an mil tandis que les sculptures et vitraux révèlent l’influence baroque. Ce qui retient particulièrement l’attention sont les couleurs vives qui recouvrent les murs et les colonnes, dont certains illustrent l’histoire de l’église.
Fondée par l’évêque de Paris, saint Germain d’Autun, avec l’appui du roi Childebert Ier, l’abbaye Saint-Vincent-Sainte-Croix devient la première nécropole royale : c’est là que sont enterrés notamment le roi Childebert et son épouse. En 754, le corps de Saint Germain y est transféré et l’abbaye prend le nom de Saint-Germain-des-Prés.
Suivons désormais le boulevard Saint-Germain, jusqu’à l’église de Saint-Séverin qui s’élève à proximité. L’origine de ce lieu de culte remonte aux premiers temps chrétiens de la France. Édifiée sur l’emplacement d’un sanctuaire mérovingien, elle est dédiée à saint Séverin, un ermite qui y vécut et mourut vers 540. Le prince mérovingien Clodoald, qui deviendra saint Cloud, vint mener auprès de lui une vie de prière et de pauvreté. La construction de l’église débute au XIIIe siècle, celle-ci peut être considérée comme une contemporaine de Notre-Dame de Paris. Dans son clocher se trouve celle qu’on appelle la « jumelle de Jeanne d’Arc ». Il s’agit d’une cloche, fondée en 1412, année de naissance de la sainte.
Partons maintenant vers le Louvre, auprès duquel se dresse l’église de Saint-Germain-l’Auxerrois. Fondée comme les précédentes à l’époque mérovingienne, elle est édifiée selon la tradition à l’endroit même de la rencontre de sainte Geneviève et de l’évêque d’Auxerre saint Germain.
Du fait de sa proximité avec le Louvre, l’église a longtemps fait office de paroisse royale, bien qu’elle ait abrité aussi un collège de chanoines jusqu’en 1744. Considérée comme l’un des bâtiments les plus anciens de Paris, l’église a connu beaucoup de modifications et de changements architecturaux : cinq siècles d’architecture s’y côtoient, de son clocher datant du XIIe siècle, à ses vitraux, du XIXe siècle pour la plupart.
Un peu plus loin dans le quartier du Marais, se trouve l’église Saint-Denys-du-Saint-Sacrement. Construite sous la Restauration à l’emplacement de l’ancien hôtel du maréchal de Turenne, elle est achevée en 1835 et dédiée à l’évêque de Paris saint Denys. Premier évêque de la capitale, il meurt martyr vers 250.
La légende de saint Denys rapporte que, décapité, il aurait ensuite porté sa tête jusqu’à l’emplacement de la future basilique Saint-Denis où il repose.
Non loin de là, à l’intersection de la place Saint-Gervais et de la rue François Miron, l’église Saint-Gervais-et-Saint-Protais se dresse devant le passant. Cette église qui a nécessité 150 ans de construction possède une imposante façade, dont la première pierre fut posée par Louis XIII, enfant.
L’église est placée dès le début sous la protection des saints Gervais et Protais. En effet, la dévotion pour ces deux martyrs italiens se répand largement en Gaule ou de nombreux sanctuaires leur sont érigés. Pourtant, on ne sait presque rien de saint Gervais et saint Protais, dont les reliques sont découvertes en 386 par l’évêque de Milan, à la suite d’un songe qui l’avait poussé à faire des fouilles à un endroit donné.
Cette église a été le théâtre d’un événement dramatique durant la Première Guerre mondiale. En effet, alors que la foule se pressait dans l’église pour assister à l’office du Vendredi Saint, le 29 mars 1918, l’église est bombardée. Le bilan humain est lourd : 91 morts et 52 blessés. Aujourd’hui, les dégâts causés par le bombardement sont encore visibles à certains endroits de l’église.
Dans l’ombre de Notre-Dame se cache le plus petit et le plus ancien sanctuaire de Paris. En effet, à quelques mètres de l’imposante cathédrale, l’église Saint-Julien-le-Pauvre étonne par son exiguïté et son dépouillement extérieur. Fondée au Ve siècle, elle se trouve sur l’emplacement d’un oratoire dédié à saint Julien, à l’intersection de deux voies romaines. Elle devient ensuite chapelle de l’Hôtel-Dieu. En 1889, la chapelle est affectée au rite catholique grec byzantin et devient ainsi la paroisse de la communauté grecque melkite catholique. D’où la présence d’un iconostase imposant, une cloison en bois qui sépare le clergé du reste de l’église.
En face du Panthéon se trouve l’église Saint-Étienne-du-Mont : construite au XVIe siècle contre l’abbaye Sainte-Geneviève aujourd’hui disparue, l’église Saint-Étienne-du-Mont hérita des reliques et du culte de la patronne de notre capitale. On y honore également le bienheureux Frédéric Ozanam, et le philosophe Blaise Pascal ainsi que le dramaturge Jean Racine y sont inhumés.
L’église est gothique d’origine, avec une ornementation renaissance. Construit au début du XVIe siècle, le jubé est le seul subsistant à Paris. Il sépare le chœur, où se tiennent les religieux et les chanoines, de la nef où sont les simples laïcs. L’église contient également le plus ancien orgue de Paris, construit et sculpté par le maître menuisier Jehan Buron en 1631. La plupart des vitraux sont aussi d’origine.
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