Paru début août, 1914, l’Église et la guerre, un hors série de L’Homme Nouveau, est consacré au déclenchement de la guerre de 1914, dont c’est le centenaire, et à la manière dont l’Église catholique a vécu cet affrontement universel pendant la première année du conflit (disponible au prix de 7 euros sur ce site). Réalisé avec la collaboration d’historiens, ce hors série est introduit par l’éditorial de Philippe Maxence que nous reproduisons ci-dessous.
Cent ans après, le souvenir de 1914 reste vivace. Un tel conflit, qui a non seulement ensanglanté l’Europe, mais a transformé le monde en quittant les rives de l’ancienne civilisation, ne peut susciter, aujourd’hui encore et malgré d’autres guerres ultérieures, que le souvenir et l’étude. Mais évoquer la montée du conflit ne consiste pas seulement à regarder l’Histoire et à mobiliser la mémoire. Les répercussions démographiques, politiques, religieuses, culturelles de cette guerre sont si nombreuses que nous en vivons encore. À ce titre, 1914, c’est à la fois hier et c’est aussi aujourd’hui.
Le prisme de l’Église catholique
On le voit bien à travers le prisme si particulier de l’Église catholique. En conflit avec l’État depuis la Révolution française, le catholicisme français est au début de la guerre à un tournant. Ses forces vives ont été expulsées du pays. L’école confessionnelle, lieu par excellence de la transmission non seulement d’un savoir mais d’un mode de vie, sera bientôt exsangue. Depuis le Ralliement, le catholicisme politique est divisé et cette division s’est accrue par la poussée du modernisme. Le processus de privatisation de la religion est parfaitement enclenché et conduira à terme à la sécularisation actuelle.
Paradoxalement, la déclaration de la guerre, perçue à Rome comme une catastrophe, est vue depuis la France chrétienne comme une chance. Certes il y aura des morts et des destructions. Mais, en 1914, on espère encore que ce conflit sera bref. La réalité terrible de la guerre moderne n’a pas encore été saisie. Pour l’Église en France, celle-ci apparaît donc comme un possible retour en grâce auprès de la République, comme le moyen de faire la preuve de son patriotisme, de son dévouement réel, concret, sacrificiel au besoin. L’espérance de laver définitivement la honte des expulsions des congrégations, de la nationalisation des églises et d’éviter ce réduit social dans lequel on veut enfermer l’Église !
Entre le fléau de la modernité de la guerre et le déploiement des vertus traditionnelles
Et de fait, le sacrifice des soldats français, dont une très grande majorité de catholiques, aura après guerre, un effet bénéfique pour l’Église qui renouera des relations avec l’État français. La présence massive des religieux et des prêtres au sein des unités combattantes transformera durablement la vision que l’on a d’eux.
Hasard ? En dehors de l’Église qui se souvient, elle aussi, de cette époque, leur présence, leur action, leur rôle et leur sacrifice ne sont pas évoqués, à peine étudiés. C’est pourquoi, au nom de la vertu de piété, qui n’est pas un simple devoir de mémoire laïc, mais qui ressort de ce que l’on ne peut rendre en justice stricte, nous avons tenu à leur rendre hommage.
Si la modernité de la guerre est un fléau, le déploiement des vertus traditionnelles par nos soldats reste un exemple.
Au sommaire du hors série : 1914, l’Église face à la guerre :
– Dans la perspective de la piété, l’éditorial de Philippe Maxence
– Entretien avec l’historien Paul Christophe : Catholiques et Français, pour Dieu et la patrie
– Quand Denys Cochin prêchait la République par Christophe Carichon, docteur en histoire
– Les retrouvailles de l’Église et de l’État par Éric Picard, agrégé d’histoire
– Inédit : extraits du journal du noviciat de Solesmes d’août 1914
– Le cardinal Billot : contre l’idolâtrie de la patrie par Denis Sureau, président des Éditions de l’Homme Nouveau
– Saint Pie X, un pape à l’aube de la guerre par Yves Chiron, historien
– Benoît XV, le pape de la paix par Yves Chrion, historien
– La diplomatie de l’assistance : la mission de Mgr Pacelli par Philippe Maxence, rédacteur en chef de L’Homme Nouveau
– De la guerre juste à la défense de la paix par Christophe Dickès, docteur en histoire
– Quand l’Église répond présent par Éric Picard, agrégé d’histoire
– Péguy et Psichari, deux destins croisés par Christophe Carichon, docteur en histoire
– Paul Claudel et la grande guerre par Henri Peter, écrivain
– Entretien avec le professeur Xavier Boniface, les aumôniers sur tous les fronts
– Les catholiques français dans la guerre, analyse récapitulative du professeur Jean de Viguerie.
Un hors série disponible au prix de 7 euros sur ce site.