> 1925-2025 : Jubilé des 1ers samedis de Fatima | Cœur immaculé
Pour ce neuvième et dernier article de notre série sur la dévotion demandée par Notre-Dame de Fatima à son Cœur immaculé, le chanoine Mesureur s’attarde sur l’attitude juste à adopter : la persévérance et la coopération à notre salut.
Nous voici arrivés au terme de ces neufs mois de préparation au centenaire de la dévotion au Cœur immaculé de Marie.
Désormais, la question qui se pose est la suivante : « Que faire ? »
La réponse est fort simple : « Continuer ! »
En effet, la fidélité à faire une bonne action donne un grand prix à cette action, puisqu’elle n’a pas été réalisée une seule fois, en passant, sur une simple envie – presque par hasard – mais sous l’impulsion d’une véritable volonté dirigée vers un bien déterminé. La persévérance au milieu des difficultés fait donc partie de l’ADN du chrétien, qui agit non pour une récompense immédiate mais pour un bien futur présenté par la foi.
Remarquons bien que Notre-Dame a demandé que la dévotion à son Cœur immaculé soit pratiquée cinq premiers samedis du mois consécutifs. Mais, à d’autres moments, elle parle des premiers samedis en général. C’est que nous sommes donc appelés à pratiquer cette dévotion non pas pendant un temps seulement, mais toute notre vie, si possible.
Un peu comme le scout est fortement encouragé à accomplir sa bonne action quotidienne – entendons, une fois par jour, de tout cœur – mais, au fond, c’est bien à chaque fois qu’une occasion se présente qu’il doit savoir répondre à pleine voix « Toujours prêt ! », n’est-ce pas ?
Ne nous décourageons donc pas !
La persévérance en Dieu
Le Père Jérôme (1907-1985), de l’abbaye de Sept-Fons, donnait un jour ce conseil :
« Ami, pour la vie d’union avec Dieu, il faut à la fois beaucoup compter sur Dieu – car tout, absolument tout, vient de lui, gratuitement – et agir avec beaucoup de ténacité – car les grâces ne sont données qu’aux généreux, aux sacrifiés, aux avides. »
Donc, toujours, à la fois, deux attitudes.
Premièrement, implorer avec soumission : « Sans vous, rien n’aura lieu, Seigneur ! » (saint Jean de la Croix).
Deuxièmement, déployer « cette obstination douce » en laquelle le cher abbé Bremond reconnaît une caractéristique des « vrais mystiques ».
Remarque très importante, très encourageante : les efforts qu’on fait en vue de l’intimité divine sont un signe que Dieu veut nous donner cette intimité ! C’est évident puisque ces efforts eux-mêmes nous sont donnés par Dieu. Chaque pas que nous faisons nous prouve que le chemin est déjà préparé par Dieu. Chaque acte de volonté par lequel nous choisissons l’union avec Dieu est un signe que nous sommes déjà désignés pour le divin privilège.
C’est ce qu’exprime Pascal en une formule très solide : « Console-toi, tu ne me chercherais pas, si tu ne m’avais trouvé ! »
Coopérer à notre salut
Surtout, il faut se souvenir d’une parole de la Sainte Vierge, prononcée le 13 septembre 1917, au cours de l’avant-dernière apparition.
« Que voulez-vous de moi ? demande, comme toujours, Lucie.
− Continuez à réciter le chapelet tous les jours pour obtenir la fin de la guerre ! lui répond la reine du Ciel. En octobre, viendront aussi notre-Seigneur, Notre-Dame des Douleurs et Notre-Dame du Carmel, et saint Joseph avec l’Enfant Jésus pour bénir le monde. »
Elle ajoute :
« Dieu est content de vos sacrifices, mais Il ne veut pas que vous dormiez avec la corde. Portez-la seulement pendant le jour.
− On m’a prié de vous demander beaucoup de choses, dit Lucie. Une petite fille qui est sourde… Ne voulez-vous pas la guérir ?
− Au cours de l’année, elle éprouvera du mieux. »
Mais il y a encore d’autres demandes confiées à Lucie : des conversions, des guérisons…
« Oui, dit la Sainte Vierge, j’en guérirai quelques-uns ; les autres, non, parce que Notre-Seigneur ne se fie pas à eux. »
Si ce n’est pas une nouveauté, c’est en revanche un salutaire rappel : les grâces ne sont donc pas distribuées indistinctement, ni parce qu’on en a exprimé le désir, une unique fois. Non, le Seigneur – qui nous aime, nous a créés à son image et nous soutient de sa grâce, donc de sa propre vie divine – souhaite se fier à nous, il a besoin de compter sur nous.
C’est la grande vérité exprimée par saint Augustin : « Dieu qui t’a créé sans toi ne te sauvera pas sans toi. » Il nous faut donc coopérer à notre salut et, par nos actes, témoigner de notre vrai désir de recevoir le salut obtenu par le sacrifice du Christ et distribué par l’intercession de Marie.
Par ailleurs, si nous nous tournons vers Dieu uniquement dans nos difficultés, si notre ferveur est fonction du nombre de nos épreuves, comment s’étonner alors qu’il nous en envoie pour attirer notre amour ? Quel autre moyen a-t-il pour capter notre attention ? Au contraire, si nous sommes à lui autant dans la joie que dans la peine, son cœur de Père sera enclin à nous laisser dans la joie puisque nous sommes tout à lui autant dans un état que dans l’autre.
Soyons-lui fidèles et montrons-lui qu’il peut se fier à nous, que nous continuerons à prier, quelle que soit sa volonté à notre égard ! Et demandons à Notre-Dame la grâce d’être toujours fidèle, dans les consolations comme dans les épreuves. Montrons aussi à notre mère que nous continuerons de l’aimer et la consoler chaque premier samedi du mois, même après avoir obtenu, après cinq premiers samedis consécutifs, la récompense qu’elle nous avait promise.
D’ailleurs, voyez comme la Sainte Vierge s’exprime. Elle commence par dire : « J’en guérirai quelques-uns. » Dieu lui a donc accordé un grand pouvoir : celui de nous guérir de nos infirmités.
Puis, elle ajoute : « … les autres, non, parce que Notre-Seigneur ne se fie pas à eux. » Après le « J’en guérirai quelques-uns », on se serait attendu à avoir : « les autres, non, parce que je ne me fie pas à eux. » Mais ce n’est pas ce qu’elle a dit. En disant que Notre-Seigneur ne se fie pas en eux, Notre-Dame reconnaît que c’est son Fils qui accorde ses grâces ; elle-même n’est que la dispensatrice.
Ainsi, en quelques mots, Notre-Dame énonce une grande vérité. Par « J’en guérirai », elle indique que, selon la Volonté de Dieu, elle est la médiatrice de toutes grâces. Et en ajoutant « Notre-Seigneur ne se fie pas en eux », elle précise que ce n’est pas elle, mais son divin Fils qui est la source de ces grâces. Mais il a plu à la Providence divine que la dispensatrice des grâces acquises par les mérites de la Passion et de la Croix de Jésus-Christ soit sa Mère bien-aimée.
Marie, médiatrice
Et d’où vient que Dieu ait donné un tel pouvoir à sa Mère ? Le Père Joseph de Sainte-Marie (1931-1985) l’explique de la façon suivante :
« La médiatrice ou l’intermédiaire qu’elle est, ne fait plus qu’un avec celui au nom de qui elle nous parle. La volonté de Dieu est devenue celle de Marie, et cela parce que la volonté de Marie, la Vierge du Fiat, de la parfaite obéissance, n’a jamais été autre que celle de Dieu. »
Alors, veillons à toujours faire grandir notre amour pour la Très Sainte Vierge Marie, car c’est bien elle qui nous donnera le Salut acquis par son divin Fils ! Elle est notre avocate, c’est elle qui nous protège ; la Genèse nous le dit : « J’établirai moi-même une inimitié entre toi et la femme, entre ta race et son fruit ; et elle t’écrasera la tête ! » (Gn 3, 15)
« Ainsi le salut était annoncé à la famille humaine sous la forme d’une victoire contre Satan ; et cette victoire, c’est la Femme qui la devait remporter pour nous tous. Et que l’on ne dise pas que ce sera le fils de la femme qui la remportera seul, cette victoire : le Seigneur nous dit que l’inimitié de la femme contre le serpent sera personnelle, et que, de son pied vainqueur, elle brisera la tête de l’odieux reptile ; en un mot, que la nouvelle Ève sera digne du nouvel Adam, triomphante comme lui ; que la race humaine un jour sera vengée, non seulement par le Dieu fait homme, mais aussi par la Femme miraculeusement soustraite à toute atteinte du péché (…) » (Dom Guéranger, L’Année liturgique, au 8 décembre)
Bon courage sur ce beau chemin de la dévotion au Cœur immaculé de Marie !
Chanoine Adrien Mesureur,
ancien aumônier de l’école Notre-Dame-de-Fatima (près de Lille)
et responsable des retraites spirituelles de l’ICRSP à Loisy (près de Paris).
Retrouvez les premiers articles de cette série sur la dévotion au Cœur immaculé de Marie les 1ers samedis du mois :
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