Après le premier dimanche de l’Avent, et l’annonce de la venue du Sauveur, nous voici arrivés au deuxième dimanche. Celui-ci nous promet le Salut pour toutes les nations de la terre.
« Tout ce qui a été écrit avant nous l’a été pour notre instruction, afin que, par la patience et la consolation que donnent les Écritures, nous possédions l’espérance. » (épître du 2e dimanche de l’avent)
« Scrutez les Écritures, puisque vous pensez avoir en elles la vie éternelle, car ce sont elles qui rendent témoignage de Moi. » (Jn 5,39)
« Peuple de Sion, nous dit l’introït de la messe, voici que le Seigneur vient pour sauver les nations. »
De même que le Seigneur avait décidé de faire sortir d’un mal un plus grand bien, avec le péché d’Adam et sa rédemption, ici, il désire non plus se consacrer à un unique peuple mais à toutes les nations de la terre.
Afin d’employer l’homme à sa propre rédemption, il s’était choisi à l’origine un peuple à travers lequel il pourrait répandre ses grâces. Cependant, les Hébreux n’eurent de cesse de repousser le Seigneur.
Il ne faut pas s’en étonner. L’incompréhension d’une partie d’Israël était annoncée : c’est ainsi qu’il était écrit que « la pierre rejetée par les bâtisseurs » deviendrait « la pierre d’angle » (1) et plusieurs prophéties reprenaient ce thème :
« L’esprit de ce peuple s’est épaissi » (Is 6,9), « Ils se sont bouchés les oreilles » (Is 6,9) et « Ils m’ont haï sans raison » (Ps 35,19)
« Tous les jours j’ai tendu les mains vers un peuple désobéissant et rebelle » (Is 65,2 repris par Rm 10,21)
« J’appellerai « mon peuple » une nation qui n’était pas mon peuple » (Os 2,25 repris par Rm 9,25)
« J’ai été trouvé par ceux qui ne me cherchaient pas, je me suis manifesté à ceux qui ne m’interrogeaient pas » (Is 65,1 repris par Rm 10,19)
« Au lieu même où on avait dit « vous n’êtes pas mon peuple » on les appellera « fils du Dieu vivant« » (Os 2,25 repris par Rm 9,25)
Ces prophéties font suite à la série de malédictions énoncées au chapitre vingt-huitième du livre du Deutéronome à l’adresse d’Israël, s’il se montre infidèle à son Seigneur. « Si tu n’écoutes pas la voix du Seigneur ton Dieu, si tu ne veilles pas à mettre en pratique tous ses commandements et ses décrets que moi je te donne aujourd’hui, alors, toutes les malédictions que voici viendront sur toi et t’atteindront. » (2)
Certaines, de ce que nous pouvons en juger, se sont accomplies avec une précision surnaturelle :
- Les juifs seront exilés « sur des navires » pour être vendus « comme esclaves », « que personne ne veut acheter », « en Égypte » (Dt 28,68),
- Le peuple juif sera « la stupeur, la fable, la risée de tous les peuples où le Seigneur te conduira » (Dt 28,37) et qu’il sera « un sujet de conversation », « dont on parle sans cesse » (Dt 28,25),
- Il sera « dispersé parmi tous les peuples d’un bout à l’autre du monde » (Dt 28,64),
- Il n’y aura « pas de repos pour la plante de tes pieds » (Dt 28,65), et il subira des « angoisses, souffrances et tortures » (Dt 28,65-67)
Malgré tous ces avertissements, le peuple d’Israël, comme un enfant têtu, a opté pour la mauvaise voie. Il y a deux mille ans, il a mis le comble à ses trahisons et à crucifié son Dieu. C’est pourquoi, peu après, s’est réalisée cette parole :
« Yahvé suscitera contre toi une nation lointaine, des extrémités de la terre ; comme l’aigle qui prend son essor. Ce sera une nation dont la langue te sera inconnue, une nation au visage dur, sans égard pour la vieillesse et sans pitié pour la jeunesse. (…)
Elle t’assiégera dans toutes tes villes, jusqu’à ce que soient tombées tes murailles les plus hautes et les mieux fortifiées, toutes celles où tu chercheras la sécurité dans ton pays. Elle t’assiégera dans toutes les villes, dans tout le pays que t’aura donné Yahvé ton Dieu. Tu mangeras le fruit de tes entrailles, la chair de tes fils et de tes filles que t’aura donnés Yahvé ton Dieu, pendant ce siège et dans cette détresse où ton ennemi te réduira. » (Dt 28,50-53)
Quelle précision, pour celui qui connaît comment la répression romaine s’est exercée en l’an 70…
Cependant, Isaïe indique qu’un temps viendra où « un reste d’Israël » reviendra au « Dieu fort » (Is 10,21) c’est-à-dire au Messie (cf. Is 9,5). Le prophète Sophonie déclare au nom du Seigneur :
« Je ne laisserai subsister en ton sein qu’un peuple humble et modeste, et c’est dans le nom de Yahvé que cherchera refuge le reste d’Israël. Ils ne commettront plus d’iniquité, ils ne diront plus de mensonge. » (So 3,12-14)
Dans l’accomplissement chrétien, c’est bien un « petit reste » du Peuple juif qui a reçu le Christ et qui s’est attaché à lui — même si les douze apôtres, les soixante-douze disciples, les cinq cents témoins de la résurrection et les trois mille convertis de la Pentecôte et ceux des toutes premières années de l’Église étaient tous juifs.
Après le Christ, Israël s’est effectivement divisé au sujet de Jésus « la pierre d’achoppement » (Is 8,14), et « la vigne a été confiée à d’autre vignerons » (Mt 21,41) : les nations des Gentils, qui forment la sainte Église : « Race élue, sacerdoce royal, nation sainte, peuple acquis pour proclamer les louanges de Celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière. Vous qui jadis n’étiez pas un peuple et qui êtes maintenant le Peuple de Dieu, qui n’obteniez pas miséricorde et qui maintenant avez obtenu miséricorde. » (1 P 2,9)
À la lumière de ces enseignements, restons toujours sur nos gardes fin de ne jamais nous éloigner de Jésus-Christ et de son Église.
Profitons de ces semaines à la liturgie si riche, pour redécouvrir la beauté d’une vie passée auprès de Dieu et dans le sein de l’Église notre mère, et ainsi goûter la joie d’être des enfants tendrement aimés.
- Ps. CXVII (CXVIII), 22 : « La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle ; c’est là l’œuvre du Seigneur, une merveille à nos yeux. »
- Dt. XXVIII,15
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