La pièce s’ouvre sur de longues minutes de danses et de mimes, tantôt démesurément lents, tantôt pressés comme peut l’être la vie elle-même. Dans ce théâtre de l’Essaïon, une scène assez intime dans cave voutée toute de pierres apparentes, on se demande si, finalement, Max et Louison vont finir par nous dire quelque chose. Max et Louison ? Ce sont les deux personnages avec qui, pendant une bonne heure de bonheur, on explorera le mystère du couple et de ses tribulations à l’ombre de la Croix.
Max et Louison se rencontrent, se marient, vivent, enfantent, se disputent, s’éloignent puis se retrouvent… Rien que de très humain au fond, rien que de très naturel. Mais ce qu’a voulu dire Sophie Galitzine en écrivant et en jouant ce texte, c’est que la nature humaine n’est jamais autant elle-même que transcendée par la Grâce. Et de la grâce, il y en a dans ce spectacle, dans tous les sens du terme. Il y a celle de Sophie Galitzine, d’abord, légère, solaire, qui danse comme elle respire et qui semble danser même quand elle ne fait que respirer, très bien accompagnée par Fitzgerald Berthon. Et puis il y a la Grâce divine, bien sûr, le troisième personnage de la pièce, celui qu’on n’avait pas annoncé mais qui, Dieu merci, sait s’inviter quand même. Alors, évidemment, Le fruit de nos entrailles a les forces et les faiblesses d’une pièce qui porte un message et qui veut raconter plus qu’une simple histoire. Les ficelles sont parfois un peu grosses et certains dialogues semblent un prétexte à peine déguisé à un cours de catéchisme. Et pourtant… On passe un délicieux moment à rire, à s’émouvoir, à méditer sur les ombres et les lumières de l’amour conjugal.
Au théâtre de l’Essaïon, du jeudi au samedi à 19h45
Jusqu’au 30 mars 2019
Écrit par Sophie Galitzine, avec Sophie Galitzine et Fitzgerald Berthon
Mise en scène : Florence Savignat
Danse : Marc Silvestre