Grande-Bretagne : un début de guerre civile ?

Publié le 19 Août 2024
Southport émeutes Grande-Bretagne

Émeute à Southport, lieu du meurtre des trois petites filles le 29 juillet dernier, et où les manifestations ont commencé. © CC BY 3.0, Street-Mic LiveStream

Fin juillet, en Grande-Bretagne, des émeutes ont éclaté dans plusieurs villes juste après le meurtre de trois fillettes par un supposé migrant africain. 

  Le 29 juillet, trois petites filles, respectivement de 6, 7 et 9 ans, participaient avec leurs camarades à des activités de danse et de musique dans la ville de Southport, au nord-ouest de l’Angleterre. Soudain, un adolescent de 17 ans entra dans le club où se déroulait la séance et, armé d’un couteau, tua les trois petites filles. Cinq autres enfants et deux adultes sont pour leur part dans un état grave. Des manifestations prennent place et se répandent dans plusieurs agglomérations du Royaume-Uni dont Manchester, Liverpool, Londres et même à Belfast, en Irlande du Nord. Rapidement, elles tournent à l’émeute et des violences éclatent contre les hôtels où résident les demandeurs d’asile. Obligée d’évacuer ces derniers, dont la vie est en danger, la police, en première ligne, subit elle aussi les attaques. La violence et la mobilisation sont dopées par une rumeur qui circule sur les réseaux sociaux. Celle-ci affirme que le meurtre des trois petites filles a été commis par un demandeur d’asile musulman. En fait, le coupable est né en Grande-Bretagne, dans une famille chrétienne venue du Rwanda. Il n’en reste pas moins un migrant de deuxième génération. À partir du 10 août, on assiste à des contre manifestations dites antiracistes. Se côtoient dans leurs rangs la gauche travailliste du Premier ministre Keir Starmer et des personnes issues de l’immigration. Au milieu des pancartes « Refugees Welcome » [1], certains portent le foulard palestinien, amalgamant ainsi des problématiques sans aucune relation. Sur des vidéos, on voit des fondamentalistes musulmans répondant qu’ils sont prêts à se battre. À Londres, en pleine manifestation, un conseiller municipal de la ville de Dartford, Ricky Jones, va même jusqu’à réclamer que l’on « tranche la gorge des fascistes ». Les mains sortent des poches pour l’applaudir. On est, à ce point, à la limite d’un début de guerre civile. Par chance pour les Britanniques, brusquement le mouvement s’inverse. D’abord, faut-il dire, parce que la justice britannique frappe vite et fort contre les extrémistes des deux camps. Mais aussi parce que, les autorités elles-mêmes le reconnaissent, tous les manifestants anti-immigration ne sont pas des casseurs ou des extrémistes. Au mois de février, un sondage Ipsos révélait que 69% des Britanniques désapprouvent la politique migratoire de leur pays. Il y a…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Alain Chevalérias

Ce contenu pourrait vous intéresser

Société

La famille au cœur : entretien avec Pascale Morinière

Entretien | La famille est-ce une notion obsolète ou dépassée ? Pascale Morinière, présidente des Associations familiales catholique (AFC) et médecin généraliste de formation, nous explique les défis des familles, le potentiel qu’elle représente dans un monde en perpétuelle mutation.

+

famille
SociétéPhilosophie

L’homme est-il une entité vivante comme les autres ?

L'Essentiel de Joël Hautebert | Depuis le XIXᵉ siècle, l’organicisme naturaliste assimile la société à un corps soumis à des lois biologiques. Ce glissement matérialiste bouleverse la conception de l’État, la place de l’homme dans la nature et l’identité collective, au risque d’effacer liberté, morale et spiritualité. 

+

ORGANICISME homme vivant
Société

Au cœur de la Bonne Nouvelle 

Comment passer sous silence la bonne nouvelle de la nuit de Pâques : l’augmentation du nombre de baptêmes d’adultes en France ? Ils sont plus de 10 000 adultes et plus de 7 000 adolescents à avoir reçu la grâce du baptême dans la nuit de Pâques. Un chiffre global (17 795 exactement) en hausse de 45 % par rapport à… l’an dernier.

+

bonne nouvelle
SociétéÉducation

Gabrielle Cluzel réhabilite la maternité face aux nouveaux diktats

Entretien | Dans Yes kids, Gabrielle Cluzel prend le contre-pied des discours dominants en défendant une maternité assumée, vécue, revendiquée. Mère de sept enfants, elle mêle témoignage personnel et critique sociale pour dénoncer l’effacement des mères dans l’espace public et la défiance croissante envers la natalité. À l’heure où avoir des enfants semble devenu suspect, elle redonne voix à celles qu’on préfère faire taire.

+

maternité yes kids