Après la béatification de sept évêques martyrs en 2019, un nouvel ouvrage, sous la plume de Francisca Baltaceanu et Monica Brosteanu, dresse le portrait de ces héros qui résistèrent au régime et à toutes les tentatives pour faire disparaître le catholicisme par assimilation forcée à l’orthodoxie, jusqu’à l’emprisonnement, les mauvais traitements, la torture et finalement la mort.
En 1944, l’Armée rouge envahit la Roumanie. Staline impose un régime communiste alors même que le PC roumain est inexistant : quatre décennies de totalitarisme commencent. Les Églises doivent accepter de ne plus être que des jouets pour le régime qui promeut l’athéisme.
Condamnée à mort
Quant à l’Église gréco-catholique unie à Rome depuis des siècles, Staline la condamne à mort comme ses sœurs d’Europe centrale et orientale et, pour cela, « frappe le berger pour que le troupeau soit dispersé ». Ses six évêques – Valeriu Traian Frențiu, Vasile Aftenie, Ioan Suciu, Alexandru Rusu, Ioan Bălan et Iuliu Hossu sont arrêtés la nuit du 28 au 29 octobre 1948 et leur calvaire commence, comme pour de nombreux prêtres (l’un d’eux, Liviu Tit Chinezu, consacré en prison mais découvert, rejoindra ces évêques dans le martyre). Les prêtres doivent signer leur passage « volontaire » à l’orthodoxie sous peine d’arrestation. L’opération semble une réussite complète, dont l’Église orthodoxe inféodée au régime est la bénéficiaire. Mais, plus de quarante ans après, l’Église gréco-catholique renaîtra du martyre de ses évêques. Leur béatification par le pape François le 2 juin 2019 et un livre récent bien documenté permettent de mieux connaître ces figures attachantes [1]. Tous venaient de milieux modestes. Leur formation de base religieuse fut celle de leur époque (Credo, prière, amour de Jésus et de Marie, sens de la transcendance divine, forte imprégnation morale), que voulait remplacer il y a peu une génération de catéchistes influencés par les sciences humaines et les experts en pédagogie ; elle a pourtant produit bien des saints… Jetés en prison, tous ces évêques ont résisté tant aux promesses de libération s’ils apostasiaient qu’aux tortures et mauvais traitements. Chacun mériterait d’être présenté mais attachons-nous au plus jeune, Ioan Suciu, dont la mémoire fut choisie pour représenter les martyrs du communisme lors de la célébration des martyrs du XXe siècle du Grand Jubilé au Colisée, le 7 mai 2000.
Mgr Ioan Suciu
Ioan Suciu, fils d’un prêtre gréco-catholique, naît à Blaj en 1904. Atteint dès sa plus jeune enfance d’une grave maladie intestinale, il…