La bataille de Bouvines (4/4) : L’œuvre de l’Église pour préserver la paix

Publié le 20 Sep 2024
paix de dieu

Entre le Xe et le XIIe siècle, plusieurs conciles définissent le principe de la paix de Dieu.

Le fait que la bataille de Bouvines ait eu lieu un dimanche semble contredire toutes les exhortations à la « paix de Dieu » qui, depuis près de deux siècles, demandaient que cessent les combats certains jours de la semaine et certains temps de l’année.

  L’affaiblissement puis la fin de la dynastie carolingienne ont favorisé des troubles qui ont duré des décennies. Ducs, comtes et seigneurs locaux s’affrontent pour le contrôle d’une seigneurie, d’une ville ou d’une province. S’ensuivent des pillages et des déprédations qui touchent à la fois la population civile et les biens de l’Église. En 909, le concile de Trosly réunit les archevêques de Reims et de Rouen et dix évêques. Dans son allocution d’ouverture, Hervé, l’archevêque de Reims, déplore : « Le monde est rempli d’impuretés, d’adultères, de sacrilèges, de meurtres, d’homicides, de violences dont les pauvres sont d’innocentes victimes. » Parmi les quinze canons édictés par ce concile, plusieurs visent à défendre les biens des gens sous peine de sacrilège et à punir l’usurpation des biens d’Église. D’autres conciles provinciaux, dans les décennies suivantes, édicteront d’autres canons visant à protéger les biens d’Église et obligeant les usurpateurs à les restituer.

La paix de Dieu

Deux ans après l’avènement de la dynastie capétienne, le concile de Charroux (989) initie le mouvement de la « Paix de Dieu ». Gombaud, l’archevêque de Bordeaux, réunit les évêques de Poitiers, Limoges, Périgueux, Saintes et Angoulême. Trois canons sont promulgués qui frappent d’anathème les hommes d’armes qui se rendent coupables d’exactions. Le premier canon, qui n’est pas nouveau, vise ceux qui envahissent les églises ou les pillent. Le deuxième ceux qui s’attaquent aux paysans et s’emparent, sans qu’ils soient coupables, de leurs animaux. Le troisième canon jette l’anathème sur ceux qui frappent ou s’emparent « d’un prêtre, d’un diacre ou d’un autre clerc qui ne portent pas les armes ». Ce concile s’est tenu en présence des fidèles, à la fois témoins et bénéficiaires des décisions canoniques prises, mais il ne concernait que six diocèses, soit une partie seulement du sud-ouest de la France. Ses décisions seront reprises et amplifiées par d’autres conciles. Au concile du Puy, en 990 ou 994, fut adoptée une  « Charte de paix » qui reprenait les dispositions du concile de Charroux et en ajoutait de nouvelles. Il s’agissait de protéger les clercs et les biens d’Église, les paysans et leurs biens et aussi les marchands. Les hommes armés qui se livreraient à ces…

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Yves Chiron

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