Au quotidien n°138 : et si on parlait du Siècle ?

Publié le 29 Jan 2021
Au quotidien n°138 : et si  on parlait du Siècle ? L'Homme Nouveau

L’affaire Oliver Duhamel – accusé d’inceste – met un peu de lumière sur un club très fermé dont il était le Président : Le Siècle. Marianne (22 janvier) a enquêté à son sujet.

L’affaire Duhamel éclabousse aussi une discrète institution, Le Siècle, dont le constitutionnaliste déchu était président. Ce club ultrasélect du Tout-Paris des affaires et de la politique réunit tous les mois, pour un dîner, banquiers, hauts fonctionnaires, ministres, journalistes de cour et universitaires du sérail. « Il y a même un évêque, un rabbin et un psy » nuance un de ses membres. Exact. Mais ceux-ci y sont si peu nombreux que leur présence relève plus de l’exotisme (…). Le Siècle n’est pas un think tank mais un pur lieu de pouvoir. Un point de rencontre obligé pour ceux qui aspirent à diriger et ceux qui veulent continuer à le faire. (…) N’empêche, infiniment mieux qu’une légion d’honneur, être invité aux dîners du Siècle suffit à signifier une appartenance à cette nomenklatura satisfaite surtout d’elle-même. « Ces agapes transpirent un entre-soi incurable et maladif » raille un éminent membre. Réglés comme un métronome, ces dîners à 250 couverts constituaient jusqu’au 26 février 2020, date à laquelle ils se sont arrêtés pour cause de Covid, les noces mensuelles de cette nouvelle aristocratie. Lors de ce dernier repas, personne n’a encore réalisé que le monde est au bord d’un abîme général. Et que le président du Siècle, Olivier Duhamel, d’un abîme intime… Ce jour-là, deuxième et dernier dîner de sa présidence, le constitutionnaliste rayonne. Il y a des années, il a été le premier à être autorisé, une coquetterie d’intellectuel, à s’asseoir à table en polo et sans cravate. Moins de un an plus tard, à l’annonce de la publication du livre de Camille Kouchner révélant la face cachée pédophile de son ancien beau-père, le conseil d’administration du Siècle, réuni en visioconférence le 6 janvier, rédige à la hâte un communiqué rappelant « son attachement au respect absolu de l’intégrité physique et morale de la personne humaine » et « condamne avec la plus grande fermeté tout acte y portant atteinte et en particulier toutes formes de violence sexuelle ». (…) Deux jours plus tard, comme dans une cordée qui dévisse, l’avocat Jean Veil, 23e président du club entre 2014 et 2016, jette l’éponge lui aussi. Dans une lettre écrite le 15 au nouveau président, l’avocat estime qu’il doit « protéger l’association ». Pour la première fois, comme l’a révélé Marianne le fils de Simone Veil s’étend sur ses relations avec Olivier Duhamel, son ami d’enfance, et admet avoir été « mis au courant entre 2008 et 2011 » de ses agissements incestueux. (…) Le Siècle est né en 1944 du désir de son créateur, Georges Bérard-Quélin, de mettre des gens qui ne se parlaient plus autour d’une table. « Il fallait bien que des gaullistes, des communistes, des résistants, des collabos se rencontrent » confie un ancien président, Denis Kessler, grand défenseur de la « commensalité », cet art de partager une table : « C’est vital de discuter, de se comprendre, sans invective… » Bérard-Quélin, par ailleurs à la tête de la Société générale de presse diffuse le Bulletin quotidien (le « BQ », avec la Correspondance économique), des publications confidentielles hors de prix qui racontent les coulisses de la vie parisienne. Pile pour le « public » du Siècle ! « Si on voulait avoir une chance d’être admis aux dîners, il valait mieux s’abonner. Et si on voulait y rester, pas question de se désabonner » s’amuse un ancien banquier. En 1981, année de l’alternance, le fondateur peut se vanter de compter dans ses dîners dix ministres de Giscard et onze futurs dignitaires du mitterrandisme. L’heure de gloire de Bérard-Quélin. (…) Aux yeux de son créateur, Le Siècle, comme son nom l’indique, devait durer jusqu’au 31 décembre 1999. Mais en janvier 2000, ses membres se sont finalement accordé cent ans supplémentaires. Un nouveau siècle de trop ?

Ce contenu pourrait vous intéresser

A la uneSociétéBioéthiqueDoctrine sociale

La dimension « politique » de la défense de la loi naturelle

L’avalanche de lois « sociétales » en France depuis plus d’un demi-siècle, toutes étant des atteintes directes à la loi naturelle, a provoqué dans une partie du monde catholique une délégitimation diffuse ou expresse des institutions politiques les ayant édictées, cela au sein du déferlement individualiste de l’après-68 et de cette sorte d’explosion en plein vol de l’Église en état de Concile. Le « mariage » homosexuel et la constitutionnalisation de l’avortement ont porté chez ces mêmes catholiques le climat à l’incandescence. D’où la question : que faire ?

+

loi naturelle
SociétéLettre Reconstruire

L’Église face au socialisme (II)

Lettre Reconstruire n°35 (avril 2024) | Dans la série de ses études synthétiques sur les idéologies modernes, Carlos Sacheri aborde le socialisme et le jugement de l’Église sur cette réaction aux injustices sociales nées du libéralisme économique. Il présente ici les points communs à toutes les idéologies socialistes.

+

socialisme
SociétéLectures

L’inégalité, un outil de civilisation ?

Entretien | Juriste et historien, Jean-Louis Harouel s’attaque dans un livre récemment paru au mythe de l’égalité. Il postule que cette « passion laide » contemporaine, destructrice de la famille, entre autres, ne sert en rien les intérêts d’une population, en montrant que seule l’inégalité, créatrice de richesses, encourage la production et par là-même augmente le niveau de vie et conditionne le progrès moral et scientifique. Entretien avec Jean-Louis Harouel sur son livre Les Mensonges de l’égalité. Ce mal qui ronge la France et l’Occident.

+

égalité mythe