Le 21 novembre, jour de la Mémoire de la Présentation de la Bienheureuse Vierge Marie, le pape François à signé une lettre portant sur la nécessité de l’étude de l’histoire de l’Église. Il y rappelle l’importance de la mémoire, dans un monde où l’on veut oublier le passé, ou bien le juger par des critères contemporains.
Au jour de la Présentation de Notre Dame, le 21 novembre, le Pape vient de signer une lettre sur le renouvellement, l’importance et la nécessité de l’étude de l’histoire de l’Église. Cette lettre s’insère certainement dans son vaste projet de la réhabilitation de la mémoire.
En ce début du 3e millénaire, le Pape constate en effet les désastreux ravages de cette perte générale de la mémoire, à mon sens voulue et orchestrée, pour supprimer les racines de l’identité chrétienne et humaine de l’humanité. C’est pourquoi le Pape a un long passage sur la mémoire et la vérité, à partir de la généalogie du Christ selon saint Matthieu, dans laquelle rien n’a été omis, ni simplifié ou, à plus forte raison, inventé.
La Bible ne tait jamais le mal de ses héros, qu’il s’appelle David, Pierre ou Paul. Et ce qui s’est produit dans l’histoire du salut, dit le Pape, s’est produit dans l’histoire de l’Église. Tous les papes n’ont pas été des saints, mais la bulle du si peu édifiant pape Alexandre VI est pourtant vierge de toute erreur doctrinale. Le retour à une culture de la mémoire doit nous orienter vers une autre conception de l’histoire que celle qu’ont nos contemporains.
Léon XIII, dans son encyclique Depuis le Jour, donnait une très bonne définition de l’histoire de l’Église :
« L’histoire de l’Église est comme un miroir où resplendit la vie de l’Église à travers les siècles. Bien plus encore que l’histoire civile et profane elle démontre la souveraine liberté de Dieu et son action providentielle sur la marche des événements. Ceux qui l’étudient ne doivent jamais perdre de vue qu’elle renferme un ensemble de faits dogmatiques qui s’imposent à la foi et qu’il n’est permis à personne de révoquer en doute. Cette idée directrice et surnaturelle qui préside aux destinées de l’Église est en même temps le flambeau dont la lumière éclaire son histoire.
Toutefois et parce que l’Église, qui continue parmi les hommes la vie du Verbe Incarné, se compose d’un élément divin et d’un élément humain, ce dernier doit être exposé par les maîtres et étudié par les élèves avec une grande probité. L’historien de l’Église sera d’autant plus fort pour faire ressortir son origine divine, supérieure à tout concept d’ordre purement terrestre et naturel, qu’il aura été plus loyal à ne rien dissimuler des épreuves que les fautes de ses enfants et parfois de ses ministres, ont fait subir à cette Épouse du Christ dans le cours des siècles.
Étudiée de cette façon, l’histoire de l’Église constitue une magnifique et concluante démonstration de la vérité et de la divinité du christianisme. »
Le Pape commence par dénoncer une fausse conception de l’Histoire, qui voudrait ramener tout à nos critères contemporains. On ne juge pas l’histoire du passé par rapport au présent. On juge l’histoire du passé en tenant compte des critères historiques de la période étudiée. Je pense par exemple au cas difficile de l’inquisition. Le Pape nous apprend à redécouvrir la vraie sensibilité historique : avoir le sens des proportions, le sens de la mesure et une capacité à comprendre la réalité sans abstractions dangereuses et désincarnées.
L’histoire de l’Église nous protège du monophysisme ecclésiologique, c’est-à-dire une conception trop angélique de l’Église. Éduquer les candidats au sacerdoce à une sensibilité historique est d’autant plus nécessaire que s’accentue la perte du sens de chrétien de l’Histoire si chère à dom Guéranger et qui favorise un déconstructionnisme où la liberté prétend tout construire à partir de zéro. Aujourd’hui, on dénigre l’Histoire.
Le danger des idéologies nous menace et le Pape rappelle encore l’importance de la mémoire. Il faut toujours cultiver la mémoire de toute la vérité qui nous rendra joyeux, comme l’avait déjà précisé saint Augustin. L’étude de l’histoire de l’Église doit être faite non seulement avec rigueur et précision, mais aussi avec une certaine passion qui doit apprendre à tous l’amour de l’Église, tout en restant impartiale.
C’est l’Esprit Saint, âme de l’Église qui doit éclairer l’historien examinant les événements et les circonstances diverses de l’histoire de l’Église, tant dans sa structure hiérarchique que dans le déroulement de la sanctification de ses membres. L’Esprit aidera les disciples à accéder à une conception véritablement chrétienne du déroulement de l’histoire du monde et du déroulement de leur propre vie.
Comment ne pas signaler ici que c’est évidemment l’Esprit Saint qui fait découvrir à l’auteur de l’Apocalypse la signification fondamentale de l’histoire de l’Église. Dans ce livre inspiré, on peut découvrir la présence constante du Christ Ressuscité qui agit dans l’histoire par l’Esprit Saint. N’oublions pas cependant que si le temps de l’Église est le temps de l’Esprit Saint, il est aussi le temps où la puissance satanique, déjà blessée à mort, lutte désespérément en utilisant des auxiliaires humains, jusqu’à l’assaut final contre l’Église, qui doit être brisé par Dieu.
En promouvant l’étude de l’histoire de l’Église, le Pape entend couper court à tout bavardage intellectuel qui ne chercherait qu’une histoire superficielle à partir d’Internet, ainsi que tout consumérisme culturel.
Que Marie, qui conservait toutes choses en son cœur, nous fasse redécouvrir les beautés de l’histoire de l’Église et de sa tradition.
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