> Dossier : « Martyre du père Popiełuszko : la force irrésistible de la vérité »
La foi chrétienne en Pologne a trouvé son élan dans la mission et le martyre en 997 de saint Adalbert, moine bénédictin et évêque de Prague. Enseveli à Gniezno par le duc Boleslas, il permit à celui-ci d’être reconnu patrice de Pologne par l’empereur Otton III et de se charger par la suite de l’organisation ecclésiastique de l’État devenu chrétien.
Fils cadet du duc Slavik, Adalbert naît vers 956 à Libice nad Cidlinou, en Bohême. Vers 972, il est envoyé par sa famille à Magdebourg, auprès de l’archevêque Adalbert, qui l’ordonne prêtre. À la mort de son maître en 981, il prend son nom pour lui rendre hommage, puis rentre à Prague, où il fait alors partie de la suite du premier évêque de la ville, Dĕtmar. Son père meurt la même année et Sobeslav, frère d’Adalbert, devient le chef de famille. Le duc de Bohème Boleslav II le Pieux intervient pour qu’Adalbert succède à Dĕtmar, au décès de ce dernier en 982. L’année suivante, à Vérone, l’empereur Otton II l’investit. Il est sacré évêque par l’archevêque Willigis de Mayence – le diocèse de Prague dépend en effet à l’époque de celui de Mayence.
Tentatives de réforme morale
Adalbert tente de soustraire aux laïcs, qui le tiennent de fait, le gouvernement de son diocèse. Mais le mode de vie encore très païen des seigneurs locaux et des grands de Prague le déçoit : la polygamie, le mariage entre parents et le commerce des esclaves sont des usages toujours fréquents. Ses tentatives de réforme morale lui aliènent les seigneurs tchèques et leur prince, le duc de Bohème. Aussi, pour échapper à leur vindicte, se réfugie-t-il à Rome vers 989 en compagnie de son demi-frère, Radzim Gaudenty (saint Gaudentius), qui deviendra le premier évêque de Gniezno, dans le centre ouest de la Pologne. Le pape Jean XV accueille les deux frères, et accède à la demande d’Adalbert d’être relevé de sa charge épiscopale. Ils sont moines tous deux d’abord à l’abbaye du Mont-Cassin durant deux années, puis au monastère Saints-Boniface-et-Alexis sur la colline romaine de l’Aventin. C’est là qu’ils prononcent leurs vœux monastiques. Radzim (Radim en tchèque) prend le nom de Gaudent…