L’examen du texte sur la fin de vie, initialement prévu pour le 27 janvier, a été reporté aux semaines des 3 et 10 février, suscitant une incertitude quant à sa forme définitive. Ce projet, soutenu par une partie des députés, vise à légaliser l’euthanasie et le suicide assisté, mais il rencontre une opposition féroce, notamment de la part des soignants, des défenseurs des soins palliatifs et de nombreuses voix chrétiennes.
Initialement prévu pour le 27 janvier, l’examen du texte sur la fin de vie par l’Assemblée nationale a été reporté aux semaines des 3 et 10 février. Ce report, décidé par la conférence des présidents, s’accompagne d’une certaine opacité quant à la nature exacte du texte qui sera soumis à débat : un nouveau projet gouvernemental ou une reprise de la proposition de loi portée par Olivier Falorni.
Les partisans d’une légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté espèrent enrichir le texte adopté en première lecture en mai dernier par des amendements plus permissifs. Mais ce projet suscite une vive opposition, en particulier parmi les soignants, les associations de défense des soins palliatifs et de nombreuses voix qui dénoncent une loi portant gravement atteinte à la dignité humaine.
Claire Fourcade, présidente de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (Sfap), exprime sa profonde inquiétude : « Nous sommes plongés dans une incertitude permanente qui pèse lourdement sur nous. Nous craignons que les véritables enjeux du soin et de l’accompagnement des plus vulnérables soient éclipsés par des considérations idéologiques. »
Du côté des défenseurs de la vie, le constat est encore plus alarmant. Tugdual Derville, porte-parole d’Alliance Vita, met en garde contre les effets pervers d’une telle législation : « Sous couvert de liberté individuelle, cette loi risque d’instaurer une pression insidieuse sur les plus fragiles. Leur vie pourrait être perçue comme un fardeau, les poussant à envisager leur propre fin comme une obligation. » Une vision qui, selon lui, détruit les fondements de la solidarité et de la fraternité.
Un gouvernement divisé
Au sein de l’exécutif, le sujet divise. Le Premier ministre Michel Barnier s’était dit favorable à l’utilisation du travail législatif accompli précédemment, tout en admettant que certains amendements étaient « contestables » et qu’il faudrait tenir compte « particulièrement » du point de vue des soignants. À l’inverse, Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, s’est montré fermement opposé à une telle initiative, estimant que « ce texte n’est pas un texte de fraternité ».
Il met en garde contre le risque d’un glissement incontrôlé, évoquant les exemples préoccupants des Pays-Bas, du Canada et de la Belgique, où les garde-fous initiaux se sont rapidement effondrés. Bruno Retailleau a voté contre l’allongement du délai légal pour l’avortement en 2022 et contre son inscription dans la Constitution. Il a cependant affirmé qu’il respecterait le cadre légal existant sur l’ avortement et qu’il n’est pas favorable à une remise en cause du droit à l’avortement en tant que tel.
Au-delà des divergences politiques, c’est une véritable bataille culturelle et morale qui se joue autour de ce texte. La légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté soulève des questions fondamentales sur la conception même de la vie humaine, sa dignité et le rôle de la société face aux plus vulnérables.
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