Au quotidien n°180 : leçons d’histoire

Publié le 31 Mar 2021
Au quotidien n°180 : leçons d’histoire L'Homme Nouveau

Dans le dernier numéro du Figaro Histoire (avril 2021), Michel De Jaeghere retrace d’une main de maître le récit de l’édification de l’empire romain. Quel intérêt, dira-t-on, au moment où certains mènent une guerre idéologique contre l’utilisation de la numérotation à la romaine ? Au-delà du pur intérêt de l’érudition, de l’amour du passé, il se trouve dans la conclusion de cet éditorial quelques leçons politiques à retenir.

L’instauration du principat permettra, pourtant, de sortir de cette spirale. Parce qu’elle mettra fin aux discordes civiles en réservant la force armée à son seul titulaire. Et parce qu’elle dotera l’empire d’un souverain nanti d’une longévité qui l’incitera à se conduire, vis-à-vis des provinces, non plus en pillard disposant d’une année pour faire fortune aux dépens des vaincus (Verrès était la règle plutôt que l’exception), mais en administrateur soucieux de leur assurer la paix et le développement.

Rome y mobilisera, surtout, l’expérience qui avait été celle de ses premiers siècles, et par quoi elle avait surmonté, lors de la conquête de l’Italie, la difficulté de ne s’y pas trouver parmi des semblables, mais au cœur, dit Paul Veyne, « d’un bariolage de cultures ». Volsques, Samnites, Romains, Etrusques n’avaient pas les mêmes origines. Rome avait dû imposer son hégémonie à des peuples qui lui étaient aussi étrangers que le seraient, plus tard, ceux de son immense empire. Elle y avait mis au point, par l’octroi de formes variées, dégressives, de sa citoyenneté, des procédés qui avaient permis l’intégration progressive des vaincus, leur association de plus en plus étroite à la cause du vainqueur. Hannibal s’imaginait, en fondant sur la péninsule italienne, susciter la désagrégation immédiate des alliances auxquelles Rome devait sa puissance, son fabuleux réservoir de soldats. Il avait été déçu dans ses attentes : Latins, Ombriens et Etrusques étaient restés fidèles aux Romains. Auguste et ses successeurs utiliseraient les mêmes techniques pour associer les plus lointaines de leurs provinces à leur empire. Par l’attribution sélective de la citoyenneté romaine aux élites, la diffusion de la culture latine, l’implantation des institutions civiques, l’exportation de l’architecture, de la statuaire, de l’urbanisme romains, ils parviendraient à asseoir leur domination sur une romanisation des élites qui leur ferait bientôt tenir pour un bienfait leur empire. Elle lui donnerait la solidité sans exemple qui lui ­permettrait de surmonter la fatalité qui avait fait frémir d’angoisse Scipion ­Emilien et, seul de son espèce, de se perpétuer pendant près de cinq siècles.

Ce contenu pourrait vous intéresser

Société

La famille au cœur : entretien avec Pascale Morinière

Entretien | La famille est-ce une notion obsolète ou dépassée ? Pascale Morinière, présidente des Associations familiales catholique (AFC) et médecin généraliste de formation, nous explique les défis des familles, le potentiel qu’elle représente dans un monde en perpétuelle mutation.

+

famille
SociétéPhilosophie

L’homme est-il une entité vivante comme les autres ?

L'Essentiel de Joël Hautebert | Depuis le XIXᵉ siècle, l’organicisme naturaliste assimile la société à un corps soumis à des lois biologiques. Ce glissement matérialiste bouleverse la conception de l’État, la place de l’homme dans la nature et l’identité collective, au risque d’effacer liberté, morale et spiritualité. 

+

ORGANICISME homme vivant
Société

Au cœur de la Bonne Nouvelle 

Comment passer sous silence la bonne nouvelle de la nuit de Pâques : l’augmentation du nombre de baptêmes d’adultes en France ? Ils sont plus de 10 000 adultes et plus de 7 000 adolescents à avoir reçu la grâce du baptême dans la nuit de Pâques. Un chiffre global (17 795 exactement) en hausse de 45 % par rapport à… l’an dernier.

+

bonne nouvelle
SociétéÉducation

Gabrielle Cluzel réhabilite la maternité face aux nouveaux diktats

Entretien | Dans Yes kids, Gabrielle Cluzel prend le contre-pied des discours dominants en défendant une maternité assumée, vécue, revendiquée. Mère de sept enfants, elle mêle témoignage personnel et critique sociale pour dénoncer l’effacement des mères dans l’espace public et la défiance croissante envers la natalité. À l’heure où avoir des enfants semble devenu suspect, elle redonne voix à celles qu’on préfère faire taire.

+

maternité yes kids