L’hebdomadaire Valeurs actuelles (23 septembre 2021) décrypte une pette musique qui se répand de plus en plus et qui chante qu’il serait bon de légaliser « pour l’encadrer » la consommation de certaines drogues.
C’est une petite musique qui s’installe dans la grande symphonie médiatique : puisque la lutte contre le trafic de cannabis est un échec, pourquoi ne pas réguler celui-ci ? L’idée est d’autant plus alléchante qu’elle avance, à petits pas, et se cache derrière le meilleur argument qui soit, puisqu’il ne dit pas son nom : le pragmatisme. Les députés à l’origine d’un rapport dévoilé au mois d’avril dernier sur le cannabis dit “récréatif” ont ainsi voulu faire la part belle aux faits. « Dans un souci d’exhaustivité et d’objectivité, peut-on lire en préambule, le rapporteur a décidé d’aborder la politique française de répression du trafic et de l’usage du cannabis sous un angle méthodologique proche du contrôle de gestion. » (…)
Au ministère de l’Intérieur, où la lutte contre les stupéfiants est une priorité, pas question de se soumettre à cette bienveillante objectivité qui amputerait le débat des questions de fond qu’il soulève. « C’est un sujet profondément moral et idéologique, assure une source interne. Reculer sur le cannabis, c’est porter un coup supplémentaire contre l’autorité de l’État en capitulant face aux trafiquants et aux dégâts causés dans la société. » D’où les termes utilisés par le ministre Gérald Darmanin, qui n’a pas hésité à traiter publiquement le cannabis de « merde », au grand dam des parlementaires à l’origine de ce très objectif rapport, qui se sont émus de « la persistance de tels discours réducteurs qui étonne à une époque où l’évidence d’un changement s’impose ».
“Réducteurs” ? Pas pour le monde médical qui – en des termes plus châtiés – ne cesse d’alerter sur la nature désastreuse de cette drogue. Le Pr Jean-Claude Alvarez, chef du service pharmacologie-toxicologie au CHU Raymond-Poincaré, est l’un des experts médicaux entendus pour la rédaction de ce rapport parlementaire, dont il condamne d’emblée l’intitulé -« cannabis récréatif » – qui ferait croire à la possibilité d’un usage inoffensif et ludique. « Le cannabis, dès la consommation du premier joint et même occasionnellement, a un effet immédiat et délétère sur le cerveau, contrairement à l’alcool par exemple », confie le Pr Alvarez, auteur de plusieurs études sur le sujet.
L’une d’elles porte sur l’impact de la consommation de cannabis sur les fumeurs occasionnels, une fois au volant, et démontre que ces derniers voient leur temps de réaction s’allonger de 19 à 27 %, et les effets du cannabis se prolonger jusqu’à treize heures après consommation. « D’où la forte augmentation des accidents dans les pays qui ont voulu légaliser le cannabis », explique-t-il… Sans compter les innombrables effets à long terme : cardio-vasculaires, cérébro-vasculaires, pulmonaires ou encore psychiatriques.