C’est un son de cloche peu habituel que transmet l’éditorial de l’hebdomadaire Rivarol (13 octobre 2021) en mettant en cause directement le système des partis qui pollue la vie politique française. Un avis, aux accents polémiques et qui tranche avec l’effervescence pré-électorale.
Alors qu’avec la Ve République (1958) et l’élection présidentielle au suffrage universel direct (1962), De Gaulle prétendait mettre fin au régime des partis, jamais les formations politiques n’ont en réalité joué un rôle aussi important (et aussi nocif) que de nos jours. Dans leur Système, sans parti, il est en effet impossible de disposer d’un financement étatique et d’exister politiquement. Et l’idée répandue selon laquelle un homme sous la Ve se présente seul devant le peuple et au-dessus des partis depuis la réforme institutionnelle de 1962 n’est rien d’autre qu’une fable. Ce sont en effet les partis qui décident de qui est candidat. C’est vrai de l’extrême gauche à la droite dite nationale. Tous les prétendants sont en effet investis par leurs partis, de Nathalie Arthaud pour Lutte ouvrière jusqu’à Marine Le Pen pour le Rassemblement national. Cette investiture est si déterminante financièrement et politiquement que même Xavier Bertrand qui entendait jusque-là faire cavalier seul et maintenir jusqu’au bout sa candidature élyséenne, refusant ouvertement le principe de primaires tant ouvertes (accessibles aux électeurs de droite comme en 2016) que fermées (limitées aux seuls adhérents d’un parti, LR, comme cette fois-ci) a finalement annoncé le 11 octobre dans le 20 heures de TF1, bien malgré lui, qu’il participerait finalement au congrès des Républicains et accepterait le résultat quel qu’il soit car ce vote des militants est « la seule façon d’avoir le plus vite possible un candidat de la droite et du centre ». Il y aura donc cinq candidats à la candidature (Xavier Bertrand, Valérie Pécresse, Michel Barnier, Eric Ciotti et Philippe Juvin) lors du congrès des 1er (premier tour) et 4 décembre (second tour). Ce sont les quelque 80 000 adhérents de LR qui départageront les prétendants. (…)
SIGNE de l’importance des partis dans leur système ploutocratique, l’ex-Premier ministre Edouard Philippe a créé le sien le 9 octobre. Son nom : Horizons. On serait curieux de savoir combien le maire du Havre a payé le publicitaire qui lui a trouvé un nom aussi plat mais on ne peut pas dire qu’il ait fait preuve d’une grande créativité. Horizons, nous assure-t-on, c’est la nouvelle offre politique « qui regarde devant ». On a vraiment affaire à des génies de la communication ! (…)
Reste qu’il ne faut pas céder à l’excitation des campagnes électorales, toujours trompeuses (demain on rase gratis) et débouchant sur de perpétuelles désillusions. La démocratie moderne n’est qu’une vaste supercherie reposant sur la manipulation des masses. L’électoralisme est la tare et la sauvegarde du régime.