À l’occasion du jubilé des Églises orientales, le 14 mai, le Pape a accueilli les participants par le salut pascal de tradition orientale : « Le Christ est ressuscité, oui vraiment le Christ est ressuscité. » Un geste fort qui ouvre un vibrant hommage à ces Églises souvent méconnues en Occident.
C’est par le salut typiquement oriental : « Le Christ est ressuscité, oui vraiment le Christ est ressuscité » que le Pape reçut les participants au jubilé des Églises orientales ce 14 mai.
Par cette dénomination, on désigne communément les chrétientés de l’est de l’Europe, de l’Asie antérieure et du nord-est de l’Afrique, qui observent des coutumes liturgiques différentes de celles de l’Église Romaine.
Depuis de longs siècles, elles vivent en dehors du mouvement chrétien d’Occident, principalement en raison du schisme de Michel Cérulaire de 1054. À cette date, seule l’Église maronite avait refusé de le suivre. Depuis, une partie des membres de pratiquement chacune de ces Églises se sont rattachés à Rome. On les appelle les Églises uniates.
Les premiers mots du pape, qui professent le noyau central de la foi, sont des mots d’espérance. Les catholiques romains auraient tendance sinon à mépriser, du moins à relativiser la catholicité de ces Églises. Le Pape rappelle le trésor qu’elles contiennent. C’est toute l’histoire glorieuse des premiers conciles : Nicée dont on fête le 17e centenaire, le Ier concile de Constantinople, Éphèse et Chalcédoine.
On se souvient que Paul VI faisait la comparaison entre ces quatre premiers conciles et les quatre évangiles. C’est l’histoire du début du monachisme. C’est l’histoire de l’Église apostolique primitive, présente sur ces terres bien avant l’Islam ! Ce sont des Églises martyres qui ont tant enduré au cours des siècles et qui endurent encore !
Le Pape cite le pape François qui disait : « Ce sont des Églises qu’il faut aimer : elles préservent des traditions spirituelles et sapientielles uniques et ont beaucoup à nous dire sur la vie chrétienne, sur la synodalité, la liturgie ; pensons aux Pères anciens, aux conciles, au monachisme : ce sont des trésors inestimables pour l’Église. »
Avec Léon XIII le Pape remarque que l’œuvre de la Rédemption, comme nous venons de le dire, a commencé en Orient. Oui, les Églises orientales ont un rôle unique et privilégié comme le remarquait Jean-Paul II au n.5 d’Orientale lumen.
Certaines Églises, comme celle des chaldéens, utilisent encore de nos jours la langue de Notre Seigneur : l’araméen. Et le Pape souligne l’appel émouvant de Léon XIII pour que ces Églises continuent à garder leur rites. Le maintien et la conservations des rites orientaux a été en effet le sujet principal de la Lettre apostolique Orientalium dignitas du 30 novembre 1894.
Cette préoccupation de Léon XIII est pour son successeur de même nom profondément actuelle. En effet, les chrétiens de ces Églises qui durent fuir leurs terres ont souvent perdu leurs traditions en se réfugiant dans l’Occident apostat ; ainsi, se perd peu à peu le patrimoine inestimable de ces Églises. Et le Pape d’insister avec son prédécesseur sur l’importance de la conservation des rites orientaux dans la diaspora, car les pasteurs latins pourront y trouver un enrichissement pour leur propre rite et leur propre culture.
Je pense particulièrement au sacré si vite oublié en Occident. La spiritualité orientale est donc pour le Pape un remède, car le sens dramatique de la souffrance se confond avec l’émerveillement devant la miséricorde divine. On sait l’importance de la divinisation en Orient. Le Pape cite alors saint Ephrem et saint Isaac de Ninive qui chante l’espérance malgré la violence.
Et l’on connaît l’abîme de violence dans lequel sont aujourd’hui plongés les chrétiens d’Orient, de la Terre Sainte à l’Ukraine, de la Syrie au Liban, du Moyen Orient au Tigre et au Caucase. Tant de violences, tant d’horreur ! Et le Pape malgré tout rappelle les paroles du Seigneur ressuscité : « Je vous laisse ma paix, je vous donne ma paix. »
La splendeur de l’Orient chrétien demande plus que jamais d’être libérée de toute dépendance mondaine, de toute tendance contraire à la communion, car seule l’unité peut évangéliser la Croix du Christ, sinon, pour reprendre les mots du pape François « c’est le diable que l’on évangélise. » Puisse la Reine d’Orient, juive de sang, obtenir à tout l’Orient la grâce de la paix et de l’unité.
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