Messe 12 Pater cuncta :
Commentaire musical
Le Sanctus XII est richement représenté au niveau des sources manuscrites puisqu’on en compte un peu plus d’une centaine. Daté du XIIIᵉ siècle, ce Sanctus est emprunté mélodiquement au 2ᵉ mode, et sa structure mineure lui confère un caractère méditatif assez remarquable. Il est expressif, tout en étant aussi très intérieur. Il est large et paisible mais aussi vivant et même festif. Nous sommes donc en présence d’une pièce riche de sentiments et de spiritualité.
Les trois Sanctus forment une belle courbe mélodique et intensive : le premier Sanctus est plutôt sobre, assez large, muni de deux mouvements ternaires sur l’accent du mot, jouant sur la tierce Ré-Fa, avec un passage au Do grave, sous-tonique du mode de Ré.
Le second Sanctus s’envole en deux intervalles de tierce caractéristiques du protus : Ré-Fa, puis Fa-La, et va même jusqu’à toucher l’unique Sib de la pièce. C’est donc un sommet mélodique, sinon intensif, car en fait le troisième Sanctus, même s’il est moins élevé, même s’il est en descente et part du La à l’aigu pour retrouver le Ré en faisant entendre toutes les notes intermédiaires, retrouvant ainsi la mélodie du premier Sanctus, doit être chanté avec une réelle plénitude. Le mode de Ré aime ces descentes larges et pleines, chaleureuses, et ici la descente en crescendo donne vraiment l’impression de plénitude.
Sur les mots suivants, Dóminus Deus Sábaoth, la mélodie type du 2ᵉ mode, La-Do-Ré-Ré, se fait entendre, et la finale rejoint celle des premier et troisième Sanctus. On va ré-entendre sur les deux hosánna cette formule d’intonation du 2ᵉ mode, La-Do-Ré-Ré.
Pleni sunt caeli et terra est bien expressif avec la belle montée de pleni, jouant sur les trois cordes Ré-Fa-La du mode de Ré. Cæli se situe au sommet (La-Sol) et terra est en descente mélodique, ce qui respecte la situation géographique et spirituelle de ces deux lieux qui sont pourtant pleins, tous deux, de la gloire du Seigneur. Glória tua est sobre, pourtant, contenu pour l’essentiel à l’intérieur de la tierce Ré-Fa.
Comme on l’a dit, les deux hosánna sont identiques, de même que les deux in excélsis qui nous font retrouver la belle descente chaleureuse du troisième Sanctus.
Quant à la phrase Benedíctus qui venit in nómine Dómini, elle reprend, en l’adaptant au texte, la mélodie de Pleni sunt caeli et terra glória tua.
Ce Sanctus est très unifié au plan modal. Il présente une belle variété de motifs mélodiques, avec également des reprises qui en soulignent l’unité. Il respecte le texte qu’il met bien en valeur. Et surtout, il nous fait ressentir cette plénitude du Sanctus, grâce notamment à cette chaleureuse descente que l’on entend à trois reprises, sur le troisième Sanctus et sur les deux in excélsis.
Voilà bien une adoration vibrante, dans la ligne des plus belles mélodies grégoriennes.
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