> DOSSIER « Réforme des paroisses : que devient le curé ? »
Les réformes paroissiales, peut-être séduisantes intellectuellement, hâtent la disparition du prêtre comme pasteur.
Évoquons celui qu’on pourrait qualifier de « grand absent » de la restructuration paroissiale, le prêtre, ou plus exactement le curé-pasteur (qu’on distinguera ici du curé-coordinateur), dont la figure juridique est pourtant indissolublement liée à la paroisse. Il est étonnant que ce « mur porteur » de l’institution paroissiale ne soit pas considéré en tant que tel, alors que le canon 515 § 1, qui définit la paroisse, le cite expressément en le qualifiant de « pasteur propre ». Le canon en question n’évoque pas seulement la communauté, mais il désigne explicitement deux éléments, la communauté et le curé. Un tel oubli, qui est grave, engendre bien des souffrances autant chez les prêtres que chez les fidèles. La plupart des habitants des paroisses restructurées, qu’ils soient croyants, peu croyants ou pas croyants, sont tellement convaincus de l’axiome suivant : « pas de paroisse sans curé », qu’ils expriment à leur manière leur désarroi, voire leur indignation, face aux résultats de ladite restructuration. Celle-ci est en réalité le fruit de raisonnements théoriques, basés eux-mêmes sur une ecclésiologie se réclamant de Vatican II, mais qui s’en éloigne sournoisement, déstabilisée par les présupposés et les revendications de type démocratique des penseurs qui les formulent. Ces prises de position particulièrement brillantes, sur le plan intellectuel, et « ouvertes sur l’avenir des communautés chrétiennes », selon l’expression consacrée, sont ensuite avalisées par le biais d’une démarche dite « synodale », qui fait une large place à l’expression d’une minorité active de laïcs dits « engagés », souvent séduits par les sirènes de la « promotion ».
L’effacement du ministère sacerdotal
Au bout de ce processus, les décisions officielles, présentées comme des avancées généreuses « d’avenir » et « concrètes », que viennent consacrer des cérémonies grandiloquentes (toutefois au goût souvent douteux) d’inauguration des nouvelles paroisses dans un diocèse restructuré, aboutissent concrètement à l’effacement du ministère sacerdotal dans un cadre paroissial à la fois hypertrophié, au sommet (correspondant à la superficie d’un à quatre ou cinq cantons ruraux) et « sectorisé », à la base, en de multiples entités territoriales (ainsi, les « relais paroissiaux »), qui sont autant de futures « chapelles » plus ou moins autonomes, un effacement qui va de pair avec la dilution de ce même ministère sacerdotal dans des équipes (dont les EAP) munies indûment d’une part du munus regendi (ou fonction…








