La pause liturgie | Offertoire Justitiae (3e dimanche de Carême)

Publié le 19 Mar 2022
La pause liturgie | Offertoire Justitiae (3e dimanche de Carême) L'Homme Nouveau

Dom Gajard dit ceci : « C’est un petit 4ème mode très contemplatif, large, chaud, quelque chose qui ne change pas, qui ne finit pas. »

Cet offertoire est tiré du psaume 18. Le compositeur a pioché dans pas moins de cinq versets pour une pièce relativement courte. La façon de faire des anciens est très libre. Leur profond respect pour la sainte Écriture n’est pas incompatible avec un usage familier de celle-ci au détriment d’une certaine littéralité, mais au profit souvent d’un esprit authentique. Ils sont pétris d’Écriture, elle est devenue vie en eux.

Justitiae Partition pt

Si l’on observe la mélodie, on constate une première chose : cet offertoire ne dépasse pas le La. Il ne décolle pas, il ne cherche pas à décoller. L’essentiel de la mélodie se situe entre le Fa et le La :

Sur Justitiae Domini rectae : il n’y a qu’un Ré en dehors de l’intervalle Fa-La.

Sur laetificantes corda : les seules syllabes ti et fi de laetificantes.

Sur Et dulciora : 1 Ré.

Sur super mel et favum : c’est la partie la plus grave. Le sommet est Sol, pas de La

Sur nam et servus : 1 Do et 2 Mi.

Sur custodiet ea : 1 do et 2 Mi.

L’idée générale est donnée par le premier qualificatif : rectae. C’est une pièce rectiligne, la mélodie traduit dans son horizontalité l’idée de rectitude incluse dans les décrets divins et dans leur observance par les hommes. Le compositeur a certainement eu une intention dans ce sens. Cet offertoire donne l’impression d’une imperturbabilité qui donne la paix, la joie. Le mot laetificantes est encadré par deux tristropha qui répondent à celle du sujet (justitiae) et à celle de l’attribut (rectae). C’est comme un écho dans le cœur, la joie naissant de la fiabilité de Dieu et de sa loi.

On repère trois formules mélodiques identiques avec un quilisma (sur justitiae, rectae, corda).

Autre chose : la mélodie progresse essentiellement par degrés conjoints, notamment sur la première phrase où il n’y a que 4 tierces. Tous les autres intervalles sont des secondes. La deuxième phrase est plus originale, au cœur de la pièce. On compare les préceptes, la loi de Dieu, à du miel. C’est la douceur et le tempo est plus léger. Or il y a davantage de tierces (6 en tout).

La troisième phrase est plus ample à nouveau, plus solennelle. On retrouve les longues sur le Fa. La phrase commence par un appui sur le Do qui indique la fermeté. Le début est en élan. L’âme s’adresse à Dieu directement. Sur custodiet ea, c’est une grande complaisance. Les notes longues indiquent la longueur de l’amour. La pièce se termine sur une cadence finale très expressive, très contemplative. Les seuls intervalles de quarte de la pièce se trouvent dans cette phrase.

Ce petit offertoire nous parle vraiment de la rumination de la parole de Dieu, de la joie qu’il y a à scruter le Seigneur, dans l’Écriture, dans l’Eucharistie (c’est un offertoire), dans l’Église en prière, dans les profondeurs de la vie. L’interprétation doit être toute simple, toute paisible, avec beaucoup de douceur, mais sans lenteur. Au contraire, il y a une certaine ardeur car cela débouche sur une action (custodiet). On doit donc faire sentir un bon mouvement, un mouvement intime, sans remous apparent, mais qui correspond à une plénitude de vie. L’ardeur de la vie intérieure, contemplative. Cet offertoire n’est pas réservé aux moines et aux moniales, il est présenté à tous les fidèles.

Pour écouter cet offertoire : ici.

Ce contenu pourrait vous intéresser

A la uneEgliseChrétiens dans le monde

Le Vietnam catholique après Diên Biên Phu (1/3) : Que sont devenus les catholiques ?

Dossier « Le Vietnam catholique après Diên Biên Phu » (1/3) | Dans un pays passé des mains de la France à une partition violente puis à l’écrasant joug communiste, la minorité catholique, née au XVIIe siècle, subira les persécutions les plus extrêmes, malgré d’éminents représentants, très lucides sur ce qui l’attendait, et sur l’héroïque résistance d’humbles populations paysannes.

+

vietnam
EgliseLettre Reconstruire

Les papes et le principe de subsidiarité (V)

« Question de Principe » | Comment évoquer le principe de subsidiarité dans l’enseignement pontifical sans parler du magistère de Jean-Paul II sur la question ? Auteur de trois encycliques sociales, il est aussi à l’origine du Compendium de la doctrine sociale de l’Église. Paru dans la Lettre Reconstruire n°35 (avril 2024).

+

principe de subsidiarité
A la uneEgliseSpiritualité

« Le sang des martyrs est semence de chrétiens » : pèlerinage annuel aux Lucs-sur-Boulogne

« Le sang des martyrs est semence de chrétiens. C’est particulièrement vrai en Vendée », s’exclame ainsi celui qui co-organise un pèlerinage annuel aux Lucs-sur-Boulogne, le 27 avril prochain. Cet événement en mémoire des martyrs de Vendée, vise en particulier à soutenir la cause de béatification des enfants des Luc-sur-Boulogne, massacrés en haine de la foi, le 28 février 1794. Entretien avec Adrien Renouard qui nous fait découvrir cet événement lancé il y a une vingtaine d’années par le père Argouarc’h et quelques laïcs.

+

pèlerinage des Lucs-Sur-Boulogne