L’Église, la beauté et l’art

Publié le 02 Mar 2022
L’Église

« La beauté sauvera le monde » disait Dostoïevski dans l’Idiot, texte repris par Jean-Paul II dans sa lettre jubilaire aux artistes. Saint Pie X, quant à lui, voulait qu’on priât sur de la beauté. Le pape François, à son tour, dans son discours aux animateurs de la diaconie de la beauté (17 février 2022) et s’adressant à un monde enlaidi par le péché, offre comme point de repère et comme solution la voie de la beauté, dont Paul VI affirmait qu’elle demeurait la voie privilégiée de la vérité.

Tous les transcendantaux se complètent et en Dieu ils ne font qu’un dans l’unique et même acte d’être. Mais grâce à l’Incarnation, l’homme, icône de Dieu, peut resplendir d’une nouvelle et plus parfaite image, en imitant Jésus le plus « beau des enfants des hommes », qui pourtant alla jusqu’à « ne plus avoir de figure humaine », lors de sa Passion. Le cardinal Ratzinger soulignait ce contraste si frappant. Le concile Vatican II en son temps avait tenu a confié un Message aux artistes, pour jeter les bases d’un renouvellement d’une société qui devait se retourner vers l’unique Beauté, qui ferme les lèvres, mais qui, au dire de saint Augustin dans ses Confessions reste toujours « si tardivement aimée ». Le premier artiste, c’est Dieu artisan de la Création et façonnant, comme le potier, l’homme à son image.

L’Église a, en effet, beaucoup à dire sur la beauté et sur l’art en général. Le pape François, comme ses prédécesseurs, en est bien convaincu. Le problème est crucial, car il ne s’agit pas simplement de prier sur de la beauté, ce qui est déjà essentiel ; il s’agit plus profondément de rentrer dans les vues de l’Unique Beauté, Sagesse créatrice. C’est pourquoi l’enseignement de l’Église s’enracine dans la Révélation elle-même, puisque l’artiste, à l’origine l’artisan, se soumet la terre, sur l’ordre de Dieu qui, dès les origines vit que sa créature était bonne, c’est-à-dire belle. Les Écritures nous parlent de la beauté de l’univers et avec tout ce qu’il renferme. Toute la création doit nous conduire à Dieu qu’elle loue sans cesse. Le rapport entre bon et beau (on pourrait dire aussi entre vrai et beau) suscite de profondes réflexions morales. « La beauté, affirmait Jean-Paul II est en un certain sens l’expression visible du bien, de même que le bien est la condition métaphysique du beau ». À la suite des papes, nous devons redécouvrir la beauté morale, en nous éloignant de tout activisme, pour retrouver l’essentiel et l’unique nécessaire grâce à une plus grande intériorité et un équilibre plus approfondi entre action et contemplation. Ce rapport entre beauté et bonté est d’ailleurs fort bien exprimé par le grec. Il s’agit fondamentalement de la même chose, d’autant plus qu’en Dieu tous les attributs participent au même acte d’être, mais cette nuance touche avec prédilection les contemplatifs. S’il y a de la beauté, c’est parce que Dieu est bon et beau et qu’il nous procure lui-même la vraie beauté. Le contact avec la vraie beauté purifie le regard, nous procure joie et paix, nous rassure en soutenant notre foi en Dieu créateur et Rédempteur.

L’art parachève en quelque sorte la beauté de la création. Cette beauté crée toujours une communion, alors que la laideur qui vient de Satan fomente la discorde. L’Église a besoin de beauté et c’est pourquoi elle a besoin de l’art qui permet d’avoir un regard d’amour renouvelé sur le monde et sur les autres. Grâce à Marie, transmettons la beauté au monde paganisé. Que l’Icône de la Beauté nous introduise toujours davantage dans le mystère de Dieu qui vit que sa création était belle et bonne et qui plus encore fit merveille en rachetant l’homme de son péché. O Felix culpa, O bienheureuse faute qui nous valut un tel Rédempteur.

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