Lors de l’angélus du 4 décembre, le pape est revenu sur la grande figure de l’Avent qu’est saint Jean-Baptiste.
Saint Jean-Baptiste est sans aucun doute la grande figure de l’Avent, avec bien sûr sa tante, la Vierge Marie. Après un long temps sans prophètes (depuis Malachie), Jean-Baptiste apparaît pour annoncer l’avènement du Christ. Il est la charnière entre les deux Testaments, le plus grand des prophètes, mais le plus humble aussi.
En son temps, le Peuple élu attendait impatiemment le Messie promis. Jean fut précisément celui qui le désigna. Mais, pourrions-nous nous demander : en deux mille ans, quel changement s’est-il produit ? Le monde était alors en attente. Il l’est toujours. Il l’est plus que jamais. Nous sommes donc en attente et donc en Avent.
Saint Jean Baptiste, qui portait un vêtement de poil de chameaux et se nourrissait de sauterelles, est le prédicateur officiel de l’Avent ; c’est lui qui a reçu mission de préparer les âmes à la venue du Seigneur, de préparer les voies devant sa face. Son cri nous a été à nouveau transmis lors des nombreuses visites de Marie sur terre depuis la Rue du Bac en 1830 : « Faites pénitence, car le royaume de Dieu est proche » (Mc 3, 2).
Voilà bien l’invitation que Jean Baptiste adressait déjà aux âmes qui se pressaient autour de lui dans l’attente de la première venue du Sauveur sur terre. C’était là tout son enseignement. Les conditions du salut n’ont pas changé et ne peuvent pas changer, car les conditions de la croissance des âmes dans la vie divine sont toujours les mêmes.
Après vingt siècles et plus, la leçon demeure pratique et l’Église la rappelle tous les jours pendant l’Avent : « Préparez les voies du Seigneur ; aplanissez ses sentiers ». La pénitence est une condition sine qua non de la vie chrétienne. Aussi écoutons saint Jean Baptiste, écoutons Notre Seigneur lui-même qui vient toujours, écoutons la voix de l’Église. L’ami de l’Époux ne nous exhorte pas seulement à produire des fruits de pénitence, mais à produire de dignes fruits de pénitence, dit très finement saint Grégoire, c’est-à-dire que la pénitence s’applique réellement à chacun de nous personnellement.
Saint Jean est austère et radical, mais il n’est pas dur malgré les apparences. Son apparente dureté s’explique par son allergie à toute duplicité. Par sa simplicité, il conquiert le Royaume des cieux réservé aux petits. Cela est loin de plaire à tout le monde, en particulier aux hypocrites Pharisiens et Saducéens qui, pour se justifier, en appellent à Abraham leur Père.
Leur présomption déloyale leur empêche de saisir l’occasion de la grâce offerte pour une vraie conversion ouvrant sur une nouvelle vie. Jean leur demande alors, dans un cri d’amour, de porter des fruits dignes d’une véritable conversion. Écoutons nous aussi l’appel de Jean et refusons de négocier tant soit peu avec l’hypocrisie, ce danger mortel qui ruinerait notre apparence même de bien dans les réalités les plus sacrées. Jésus lui-même sera tout aussi sévère avec les hypocrites. Relisons pour nous en convaincre le chapitre 23ème de l’Évangile selon saint Matthieu. Avec saint Jean, descendons du piédestal de notre moi, pour nous plonger dans l’eau du repentir.
L’Avent est un temps de grâces pour enlever tous nos masques et essayer de retrouver la simplicité de notre innocence baptismale. Allons humblement jeter notre pauvre misère au confessionnal, sans nous croire autosuffisants, en confessant tous nos péchés, surtout ceux que nous serions le plus tentés de tenir cachés. Le chemin du salut est unique : l’humilité des petits enfants, à l’instar de Marie qui plut au Seigneur parce qu’elle était petite. C’est Elle l’Immaculée qui nous purifie de tout sentiment de supériorité, de formalisme ou d’hypocrisie.