Nombre de déclarations et de textes du pape François ont créé la polémique depuis les débuts du pontificat. Marqué par ses origines, le Saint-Père a toujours eu la volonté d’agir en pasteur et le souci des fidèles, mais sa façon de s’exprimer brouille le message et fait peu de cas de la précision de la doctrine et de son affirmation, un risque majeur en ces temps de confusion générale.
Voilà dix ans que le pape François a été élu à la Chaire de saint Pierre. Sans prétendre établir un bilan de cette décennie, il est possible de souligner quelques points saillants, caractéristiques du style du Pape qui contribuent à déterminer la situation ecclésiale actuelle. Le pape François, comme tous les autres papes, est arrivé à Rome avec sa riche expérience humaine, spirituelle et ecclésiale antérieure. Ce qui signifie dans son cas que l’esprit actuel de la Compagnie de Jésus et la modalité sud-américaine de l’Église sont devenus des éléments du magistère et du gouvernement pontificaux. Cela se manifeste notamment par un souci du concret, un style direct et pratique, une attention aux situations singulières, une préoccupation pour les pauvres et les personnes fragiles. Le style ignacien se retrouve dans la mise en œuvre du discernement, méthode appliquée dans les Exercices spirituels à la volonté de Dieu, mais qui peut aussi devenir plus généralement une manière d’interpréter les événements historiques pour mieux s’y engager. Tout cela a engendré un pontificat très politique et peu doctrinal. Il faut entendre par là que le pape François est plus à l’aise quand il s’agit de décider concrètement que quand il s’agit d’exposer la foi et la morale chrétiennes ; d’où parfois une impression de confusion doctrinale, souvent soulignée, accompagnant une démarche qui se veut authentiquement pastorale. Les âpres débats suscités par les deux synodes sur la famille ont été l’acmé de cette caractéristique du « style François ». Un épisode récent confirme une telle configuration. Lors d’un entretien à l’agence Associated Press (publié le 25 janvier), le pape François, répondant à une question sur la criminalisation de l’homosexualité, a déclaré : « Il ne s’agit pas d’un crime. Oui, mais c’est un péché. » Cette réponse a surpris plus d’un. On voit bien que le Pape a voulu déplacer le problème de l’évaluation de l’homosexualité d’une approche pénale vers une approche morale. Rappelons que dans bien des pays, notamment musulmans, les…