Le pape François, tout comme Mgr de Moulins-Beaufort dans une émission télévisée récente, et de nombreux responsables de l’Église catholique en général, envisagent systématiquement les questions liées à l’immigration comme conséquences d’un phénomène inéluctable et avec une seule réponse présentée comme « morale », l’accueil. Mais faut-il s’en tenir à cette vision des choses ?
Lors du traditionnel entretien que le président de la Conférence des évêques de France a eu sur KTO (1) avec Philippine de Saint-Pierre le jour de Pâques, celle-ci a interpellé Mgr de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims, sur le délicat sujet des migrations : « L’Église est parfois accusée de naïveté, a-t-elle dit, lorsqu’elle invite à accueillir les migrants ». Le problème est le suivant : l’immigration doit-elle être envisagée par les catholiques français comme une fatalité à laquelle il s’agirait de consentir afin d’en tirer le meilleur profit ou bien ce fait est-il contingent et doit-il être combattu comme contraire au bien commun national ? Mgr de Moulins-Beaufort déclare d’abord : « Je crois qu’il faut oser dire que le phénomène des migrations ne va pas s’arrêter, ne fût-ce qu’à cause des changements climatiques… L’immigration, il y en aura. » Fort de ce postulat, il ajoute : « Donc, comment est-ce qu’on accueille ? Comment est-ce qu’on aide à l’intégration ? Comment, ensuite, on peut créer une société apaisée, unie, fraternelle ? C’est un immense défi qu’il ne faut pas nier. » Et en réponse directe à l’objection de naïveté dont ferait preuve l’Église, il affirme : « Mais je crois que de ce point de vue-là, ceux qui se bercent d’illusions sont ceux qui essayent de nous faire croire qu’on va pouvoir arrêter les migrations. Le pape en particulier nous aide à être extrêmement réalistes là-dessus et à nous préparer… » Et le successeur de saint Rémy de plaider pour la mise en place de « dispositifs pour pouvoir accueillir de manière la plus juste et aussi la plus efficace possible ceux et celles qui de façon plus ou moins inévitable viendront, de manière à créer une société solide et forte et fraternelle ». Mgr de Moulins-Beaufort se place là dans la suite des nombreuses déclarations du pape François adressées aux pays européens. Dès le début de son pontificat, le pape François affirmait : « Un changement d’attitude envers les migrants et les réfugiés est nécessaire de la part de tous ; le passage d’une attitude de défense et de peur, de désintérêt ou…